Bonsoir,
Je suis mariée à l’église. J’ai découvert que mon époux se masturbe. J’ai tenté de lui exprimer ma déception et les dangers pour notre couple et notre mariage. Il m’a répondu que ce n’était pas immoral. Je n’ai pas réussi à lui faire entendre raison. Je le sens sale, trahie et je perds confiance en lui et en nous. Cette situation crée du désordre dans mon désir envers lui. Que puis-je faire ?
Les réponses sont dans les commentaires
Voir aussi :
– Peut-on communier quand on se masturbe régulièrement
– L’Église catholique condamne-t-elle la masturbation et pourquoi ?
– Comment finir avec la masturbation?
– La procréation est-elle le but de la sexualité ?
Cat-modératrice
Bonjour Sonia,
Je comprends que vous soyez bouleversée par cette découverte.
L’Église catholique considère que la masturbation est vraiment immorale. Voici le texte du Catéchisme de l’Église Catholique :
« Par la masturbation, il faut entendre l’excitation volontaire des organes génitaux, afin d’en retirer un plaisir vénérien. “Dans la ligne d’une tradition constante, tant le magistère de l’Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné”. “Quel qu’en soit le motif, l’usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité”. La jouissance sexuelle y est recherchée en dehors de “la relation sexuelle requise par l’ordre moral, celle qui réalise, dans le contexte d’un amour vrai, le sens intégral de la donation mutuelle et de la procréation humaine” ( déclaration “Persona humana” 9).
Pour former un jugement équitable sur la responsabilité morale des sujets et pour orienter l’action pastorale, on tiendra compte de l’immaturité affective, de la force des habitudes contractées, de l’état d’angoisse ou des autres facteurs psychiques ou sociaux qui amoindrissent voire exténuent la culpabilité morale. »
L’Église enseigne que le but de la sexualité est à la fois l’union des conjoints, et l’accueil d’une nouvelle vie lorsque c’est possible. Le plaisir sexuel ne doit pas être séparé de ces objectifs.
Cependant, le catéchisme précise bien qu’il peut y avoir des circonstances qui diminuent la gravité du péché.
Par ailleurs, la masturbation est un péché beaucoup moins grave que d’autres péchés sexuels, comme l’adultère (l’infidélité à son conjoint).
Vous êtes mariés à l’Église, mais êtes-vous tous les deux croyants et pratiquants ? Si votre mari est catholique pratiquant, vous pouvez parler avec lui des textes officiels de l’Église catholique.
Avant que vous découvriez cela, étiez-vous proche de votre mari ? Ou est-ce que la vie conjugale était déjà difficile ?
Pelostome
Bonjour,
votre question est intéressante d’un point de vue « légal » mais elle révèle également une grande souffrance. Si vous le permettez, je vais essayer de fournir quelques éléments de réflexion sur le premier point de vue, tout en tâchant d’interpréter ce qui me semble s’entendre du second. J’espère ne pas vous blesser et arriver à vous comprendre un peu : si ce n ‘était pas le cas, veuillez s’il vous plaît ne pas trop m’en vouloir car vous ne dites pas grand-chose de vous.
La première question se trouve dans le titre : « La masturbation est-elle un motif valable de divorce ? » ; comme l’Église catholique romaine ne reconnaît pas le divorce, il peut être intéressant d’envisager cela d’un point de vue civil.
J’ai essayé de chercher des informations sur internet concernant ce point précis mais je n’en ai pas trouvé ; il semble que la masturbation d’un conjoint ne constitue pas une faute permettant à l’autre de demander le divorce. Peut-être, toutefois, la justice pourrait-elle vous donner raison si votre mari vous délaissait, préférant systématiquement se satisfaire seul que vous apporter le plaisir et la tendresse que vous êtes en droit d’attendre d’un homme qui vous aime.
C’est important car cela peut éclairer la position de l’Église catholique romaine sur ce sujet. Celle-ci ne conçoit l’acte sexuel qu’entre deux époux mariés religieusement ; tous les autres cas : mariage civil, union libre, adultère, masturbation, cybersexe… sont considérés comme des fautes. Toutefois, aucune de ces fautes, même s’il y avait violence d’un conjoint sur la personne de l’autre, ne saurait briser le lien du mariage. Le parcours typique que reconnaît l’Église est bien balisé : un conjoint commet une faute ; il en prend conscience et se repent ; il demande pardon à l’autre et à Dieu en promettant de s’améliorer ; le pardon lui est accordé, et la faute devient une occasion de renforcer le lien du mariage. Dans les faits, c’est rarement aussi simple.
Cependant, l’Église considère que le mariage n’est pas toujours valide ; il peut être, non pas annulé, mais reconnu nul : il n’a jamais véritablement existé. Cela peut être le cas, entre autres, pour un défaut de maturité. Si par exemple, un homme célibataire a pris pour habitude de séduire de nombreuses femmes et compte bien continuer même après avoir dit « oui » à son épouse, malgré l’exigence de fidélité, il peut être considéré comme immature dès le départ, et le mariage peut être déclaré nul. Sous toutes réserves, peut-être l’Église pourrait-elle recevoir votre souffrance en considérant que les pratiques masturbatoires de votre mari constituent le signe tangible d’un défaut de maturité, auquel cas la nullité pourrait être déclarée. Mais c’est loin d’être sûr, et je ne sais pas si c’est vraiment ce que vous souhaitez.
Vous avez employé un « lapsus calami » (un mot pour un autre) assez révélateur en écrivant : « Je le sens sale, trahie… » au lieu de « Je me sens sale, trahie… » ; comme si vous considériez que votre mari fait quelque chose de sale, et vous salit en le faisant. D’ailleurs, le terme « trahie » s’applique le plus souvent en cas d’adultère ; il semble donc que pour vous, la masturbation est aussi grave que l’adultère, alors que ce n’est pas le cas pour l’Église catholique romaine (je veux parler de masturbation totalement solitaire ; s’il s’agit de masturbation à distance avec une autre femme via des outils informatiques, cette pratique s’approche effectivement de l’adultère, même si l’appréciation de chacun peut varier à ce sujet).
Vous êtes, quelque part, « plus catholique que l’Église catholique » ; cela éclaire votre deuxième question, sans doute la plus importante : « Que puis-je faire ? »
Votre mari vous dit qu’il ne considère pas la masturbation comme immorale, mais serait-il prêt à entendre votre souffrance ? Pourrait-il simplement envisager qu’en se procurant du plaisir, il vous cause une peine importante ? Ce serait déjà un signe d’amour vrai de sa part. Si c’est le cas, vous pourriez lui proposer de solliciter l’aide d’un professionnel, faire une thérapie de couple. Cela pourrait être l’occasion pour vous d’exprimer en quoi la masturbation vous dévaste à ce point ; peut-être vous-même pourriez-vous tenter d’entendre en quoi votre mari considère-t-il cette pratique comme acceptable. Cette confrontation serait sans doute douloureuse mais peut se révéler très utile.
Aussi serait-il intéressant pour vous de répondre d’abord aux questions de Cat-Modératrice car ni elle, qui s’occupe de ce site avec tout son coeur, ni moi, qui ne suis qu’un simple passant souvent critique envers l’Église, n’en savons suffisamment pour pouvoir vraiment vous répondre.
J’espère de tout coeur que cette nouvelle année 2024 sera pour vous l’occasion de vous rapprocher de votre mari et de recevoir de sa part toute l’affection et l’attention qu’exprime un amour sincère.