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En ce 22 octobre 2020, fête de saint Jean-Paul II, un nouvel évêque est donné au très ancien diocèse de Lyon : Mgr Olivier de Germay. Lugdunum était la capitale romaine des Gaules. Son premier évêque fut saint Pothin, mort martyr vers 180.

Mgr Olivier de Germay évêque de Lyon

L’évêque est « l’envoyé de Jésus » dans un diocèse.

Pourquoi envoyé ? « Envoyé » est la traduction du mot grec apostolos, qui a donné apôtre (« αποστολος »).

Les évêques sont les successeurs des douze apôtres que Jésus a chargé de conduire l’Église après sa mort et sa résurrection.

Le mot évêque vient du mot « episcopos » (« ἐπίσκοπος »), qu’on traduit habituellement par « gardien ».

Le mot « envoyé » est riche de sens pour nous, car être évêque n’est d’abord ni un travail, ni une fonction, ni un titre, ni un honneur, ni un grade, mais une mission.

On reçoit une mission, et on est envoyé pour l’accomplir.

Jésus a reçu la mission du Père de sauver l’humanité, et il l’a accomplie au prix de son sang. L’évêque, à la suite de Jésus, est envoyé pour continuer cette mission.

L’évêque reçoit une triple mission : enseigner, sanctifier et gouverner

Enseigner

« Allez, enseignez toutes les nations […], apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. » (Matthieu 28, 19)

Voilà la première mission de l’évêque : l’évangélisation de tous, chrétiens et non chrétiens. Toute personne humaine, même la plus sainte, doit toujours être évangélisée et se convertir à l’Évangile. Chaque année, le pape se fait prêcher une retraite en carême pour être évangélisé. Personne ne peut dire qu’il n’a plus besoin d’être évangélisé, car cela voudrait dire qu’il n’a plus besoin de Jésus.

Saint Augustin enseignant, statue de l'église Saint Augustin de Lyon

Saint Paul invite Timothée, son collaborateur, qui est donc un évêque, à prêcher sans relâche : « Proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, dénonce le mal, fait des reproches, exhorte, toujours avec patience et souci d’enseigner. » 2 Timothée, 4, 2.

On est tellement loin d’un évêque qui s’occupe de faire « fonctionner son affaire » ! Le pape François invite d’ailleurs constamment, dans une formule devenue fameuse, l’ensemble de l’Église à être toujours et partout « en sortie ».

L’évangélisation est ainsi la première mission de tout évêque, du pape jusqu’à l’évêque le plus reculé de la campagne la plus lointaine.

« Dans l’exercice de leur charge d’enseigner, que les évêques annoncent aux hommes l’Évangile du Christ, – cette charge l’emporte sur les autres, si importantes soient-elles […] »  (Concile Vatican II, Décret sur la charge des évêques Christus Dominus, §12, 1965).

Sanctifier

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28, 19)

L’évêque est le serviteur et dispensateur des dons les plus précieux de Dieu aux fidèles, à savoir les sept sacrements.

Il ouvre la vie chrétienne aux enfants et adultes en baptisant, lui et ses prêtres et diacres.

Il donne l’onction qui fortifie pour l’évangélisation, en conférant la confirmation.

Il célèbre l’Eucharistie, et ses prêtres également, en communion avec lui. Il donne au troupeau le pain du Ciel, pour que celui-ci reçoive la force de progresser vers la sainteté, dans la joie que donne Jésus.

L'évêque et cardinal Tarcisio Bertone au congrès eucharistique slovène de 2010
L’évêque et cardinal Tarcisio Bertone au congrès eucharistique slovène de 2010

Il pardonne les péchés au nom de Jésus, dans le sacrement de réconciliation, et il donne ce pouvoir à ses prêtres, pour les fidèles qui veulent se relever, encore et encore, quel que soit le poids de leur péché.

Il donne le sacrement des malades à ceux qui en ont besoin, pour les fortifier dans l’épreuve, pour qu’ils vivent cet épreuve avec Jésus.

Il accueille le consentement des fiancés, pour qu’ils se donnent l’un à l’autre dans le mariage, devenant ainsi image du Dieu très haut.

Enfin, il ordonne les prêtres et les diacres au service de Dieu, de l’Église et du monde. Il fait ainsi œuvre de pasteur, appelant d’autres hommes à ainsi devenir pasteurs à l’image du Bon Pasteur qui livre sa vie pour ses brebis.

Maître des sacrements, l’évêque reçoit la charge de veiller à ce que toutes ses merveilles de Dieu soient dispensées avec ordre et mesure, faisant place à toute la magnificence divine.

Gouverner

« Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jean 10, 11)

L’évêque conduit le peuple de Dieu vers la sainteté, qui est la vocation de chaque baptisé.

Le pape, premier entre les évêques, porte le titre informel de « serviteur des serviteurs de Dieu  ».

Chaque évêque est ainsi au service des baptisés du diocèse qui lui est confié, et ainsi il les pousse à servir les non baptisés.

Ce service, l’évêque l’exerce par l’enseignement, la sanctification, mais aussi par le gouvernement. L’évêque a l’autorité, conférée par Jésus, de prendre des décisions pour le bien de tous, à la tête d’une Église particulière, dont il répond devant Dieu.

Il choisit les prêtres pour leur affecter toutes les missions nécessaires, il accueille les charismes et initiatives de tous les fidèle et retient ce qui est bon, il règle les inévitables conflits qui peuvent surgir, il écoute ceux qui ont le « cœur brisé » avec miséricorde. La tâche de l’unité peut être vraiment dure quand on arrive dans un diocèse divisé et blessé.

L’évêque se souvient qu’il n’est qu’un « petit homme », comme dit Benoît XVI, qu’il n’est qu’un pécheur pardonné, et que lui aussi a besoin de la miséricorde de Dieu et de tous ceux dont il a la charge. L’évêque n’est pas à l’abri de toutes sortes d’erreurs en toutes sortes de domaines, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter non seulement à prier pour lui, mais aussi à lui dire franchement ce qui ne va pas.

« Dans l’exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent, de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous. » (Concile Vatican II, Décret sur la charge des évêques Christus Dominus, §16, 1965).

Conclusion

L’évêque doit être le premier baptisé à montrer l’exemple d’une vie de sainteté dans son diocèse. Mais sa charge l’invite à aller bien plus loin que cela puisqu’il est invité à remplir sa charge de manière sainte, devenant ainsi un saint évêque comme il y en a eu des centaines dans l’histoire de l’Église.

Pensons à saint Pothin et saint Irénée, tous deux évêques de Lyon.

Pensons à la plupart des pères de l’Église comme saint Ambroise de Milan et saint Augustin d’Hippone.

Pensons plus près de nous à saint Charles Borromée (évêque de Milan, 1538-1584), au bienheureux Alain de Solminihac (Cahors, 1593-1659) et encore plus près à saint Eugène de Mazenod (Marseille, 1782-1861).

L'évêque Charles Borromée
Saint Charles Borromée

Aujourd’hui le nouvel évêque de Lyon Mgr de Germay nous dit : « Je prie déjà pour vous et me confie à votre prière. »

Notre prière, notre écoute, notre obéissance à l’Esprit-Saint et à eux-même, et nos mains, voilà ce dont nos évêques ont besoin pour construire le Royaume sous la conduite de l’Esprit-Saint.

Ne leur refusons pas ce que le Seigneur lui-même nous invite instamment à leur donner pour sa gloire, pour le salut de nos frères humains, pour la joie de nos évêques et la nôtre.

Voir aussi :
Mgr Lustiger : évêque réformateur au service de Dieu et des hommes
Le cardinal Lustiger – 10 ans déjà
Le rôle de chaque chrétien dans la mission de l’Église, selon St Jean-Paul II, partie I
2017 : renouveler le sacerdoce en France
Sacrement de la Confirmation : vers un retour aux sources ?

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