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Abus sexuels : une grande crise de plus au cours de 2000 ans d’histoire de l’Église

Rapport de la Conférence des évêques de France sur la lutte contre la pédophilieAvec la condamnation à de la prison, par la justice civile, d’un cardinal français en exercice, nous atteignons en cette année 2019 un paroxysme dans la tempête qui secoue l’Église depuis au moins 30 ans.

L’Eglise catholique traverse une crise majeure dont l’ampleur, je pense, peut être rapprochée d’au moins deux crises historiques au cours des vingt derniers siècles :
– la crise des Xe et XIe siècles ayant donné lieu à la réforme grégorienne (menée par le pape Grégoire VII)
– la crise de la Renaissance au XVIe siècle, ayant engendré la Réforme puis la Contre-réforme

Xe-XIe siècles et XVIe siècle : deux très grandes crises dans l’Église

Dans les années 850-1050, selon l’historien Jacques le Goff, les puissances laïques avaient mis la main sur l’Église. La conséquence en fut que le trafic des postes ecclésiastiques (postes souvent très lucratifs) se généralisa. Les prêtres vendaient les sacrements, s’adonnaient au trafic des reliques et en tiraient des revenus importants. Si les empereurs du Saint-Empire Romain Germanique (zone ayant pour centre l’Allemagne actuelle) avaient accaparé le droit de choisir le pape, les rois capétiens vendaient des évêchés et, après la conquête de l’Angleterre, les rois normands distribuaient à leurs fidèles les sièges épiscopaux anglais. En outre, les règles sur la continence sexuelle des prêtres était très largement abandonnées en France, en Allemagne et en Italie. (Jacques Le Goff, « Le christianisme médiéval », dans Histoire des religions, Tome 2, Gallimard, coll. « La Pléiade », p.811-815)

Grégoire VII
Grégoire VII qui mit fin à la crise avec la réforme grégorienne

La crise de la Renaissance nous est beaucoup plus familière, avec son clergé corrompu et débauché jusqu’au plus haut niveau de l’Église, avec en particulier les fameux Borgia.

On se demande comment l’Église a pu survivre à des épreuves aussi effroyables. Et pourtant, avec l’aide de Dieu, l’Église a poursuivi son chemin, tombant et se relevant sans cesse.

La crise des XXe-XXIe siècle

Les premières manifestations de la crise actuelle remontent à la fin des années 80. Les faits, eux, remontent à bien plus loin. Cela fait donc environ 40 ans que les faits sont révélés, avec de plus en plus de publicité, et nous atteignons un paroxysme avec la condamnation du Cardinal Barbarin ce 7 mars 2019.

Traverser une crise demande du temps

Les deux crises précédentes se sont étalées sur un siècle ou deux. Il ne faut hélas pas s’attendre à ce que la crise actuelle s’éteigne du jour au lendemain. Peut-être que nous avons en avons encore pour 20, 30, 40, 50 ans ou plus encore avant d’aboutir à une situation où le clergé sera suffisamment sélectionné, formé et encadré pour que les actes en question ne soient plus que d’infimes exceptions.

La purification nécessaire d’un mal qui existait déjà

D’un point de vue plus spirituel, nous pouvons voir cette période très douloureuse comme une purification absolument nécessaire pour notre Église. Les victimes méritent que leurs torts soient reconnues et qu’on fasse tout pour les aider à se remettre de ce qu’elles ont subies. Les fidèles méritent d’être protégés. Le clergé mérite d’être formé et purifié pour être toujours davantage au service de tous. C’est le témoignage de toute l’Église qui sera plus pur et plus crédible quand ses membres seront libérés de ces pratiques infâmes.

L’exemple de la réaction de Mgr Malle

Il me semble qu’au moins un évêque de France, Mgr Xavier Malle, a saisi l’occasion pour aller au fond des choses et proposer des mesures qui permettraient, autant que possible, d’aller au fond des choses. Le 18 octobre 2018, il a publié une lettre pastorale comportant pas moins de 19 pages.

Mgr Xavier Malle, évêque de Gap
Mgr Xavier Malle

Elle me semble exemplaire. Non seulement il explique avoir demandé à la cellule chargée de la protection de l’enfance d’exhumer TOUS les cas passés, mais il détaille son action et ses propositions avec une précision vraiment édifiante.

Je renvoie chacun vers ce texte, qui me semble être une bonne piste pour une réflexion et une action large, dans ce domaine qui ne peut qu’atteindre très profondément le cœur de tout disciple de Jésus, de tout fils de l’Église.

Voir aussi :
L’horreur des abus sexuels au sein de l’Église
Paul VI : un pape des tempêtes

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  1. Virginie Gautier Baulin

    Je suis sûre qu’il y a moins d abus sexuels dans l’église catholique que dans le éducation nationale ou les clubs sportifs ! Et là les responsables ne font Rien du tout pour contrôler leurs profs. Arrêtons de stigmatiser l Eglise…

    • Cat-modératrice

      Bonjour Madame,
      Bien sûr, les abus sexuels sont nombreux hors de l’Église. Mais ce n’est pas parce que d’autres font le mal que nous devons accepter le mal dans l’Église !
      Pour que l’Église continue d’avancer, il est nécessaire de regarder en face ce qui ne va pas, et de prendre des mesures pour résoudre les problèmes. Il est important qu’entre chrétiens on puisse en parler, y réfléchir.
      Cela ferait plus de mal à l’Église de s’interdire d’en parler, cela ferait fuir plus de monde.

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