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Aujourd’hui Jeudi saint, c’est la fête des prêtres partout dans le monde.
Trois éléments me viennent spontanément à l’esprit à cette occasion : les espoirs vis-à-vis du sacerdoce, un article récent du magazine Famille chrétienne, les attitudes et actions à adopter en famille pour promouvoir le sacerdoce.
Quels sont les espoirs de renouveau que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre en France ? On peut citer :
– La création de nouveaux séminaires interdiocésains : Paris, Toulon et Ars, et il y en a peut-être d’autres.
– La création de propédeutiques.
– Le témoignages de séminaristes lors de missions ou de grands rassemblements
– Les journées portes ouvertes dans les séminaires
– L’organisation de temps de prière ou de jeûnes spécifiques pour les vocations
– L’insistance sur le sacerdoce dans les grands rassemblements du type des sessions de Paray-le-Monial organisées par la communauté de l’Emmanuel
Quel est le profil des séminaristes français aujourd’hui ? À la page 40 du n° 2045 (25 au 30 mars 2017) du magazine Famille chrétienne, nous trouvons un article éclairant de Bertille Perrin intitulé : Qui sont nos séminaristes ?
J’écarte les séminaires des sociétés de prêtres et je m’attache aux séminaristes diocésains « pur jus », ceux qui sont dans les séminaires diocésains.
Les points communs entre la majorité des séminaristes sautent aux yeux :
Leur famille d’abord. Leurs parents sont mariés et catholiques pratiquants à 80 %. Ils ont en moyenne trois frères et sœurs.
Leur environnement ecclésial ensuite : ils sont extrêmement impliqués dans l’Église, au point que 90 % d’entre eux ont participé à au moins un service d’Église, que ce soit le scoutisme ou les engagements caritatifs, diocésains ou paroissiaux.
Leur relation avec les prêtres enfin : près de la moitié des séminaristes évoque « la figure d’un aumônier ou la relation tissée avec leur Père spirituel ».
Ma conclusion : c’est clairement dans un environnement familial et ecclésial très fervent que la grande majorité des vocations naissent et perdurent. Nous devons donc prier pour avoir la force de fonder des familles fortes, ou chacun vive son appel à la sainteté selon sa vocation propre : père, mère et enfants. Ainsi, les vocations seront favorisées, déjà, par l’existence même de ces familles.
Quels attitudes et quels actions adopter en famille pour préparer et favoriser un éventuel appel au sacerdoce ?
Il me semble qu’il faudrait promouvoir ce que j’appellerai la « culture du sacerdoce ».
Dans les familles, il est évident que cette culture peut se déployer de multiples manières :
– Expliquer aux enfants après la messe ce qu’a fait le prêtre, pourquoi il porte des couleurs liturgiques différentes, aller le saluer, expliquer combien les prêtres sont importants pour nous car ils nous donnent Jésus dans l’Eucharistie et la confession.
– Lors de la prière du soir, prier fréquemment, et pourquoi pas tous les jours, pour le ou les prêtres de notre paroisse.
– Dire ou faire sentir à nos enfants que nous-même prions spécialement pour nos prêtres et pour que Dieu donne à son Église de nombreux et saints prêtres.
– Chez les petits enfants, il y a souvent des questionnements religieux. Pourquoi ne pas évoquer des belles figures de prêtres, des prêtres que nous avons connu quand nous étions plus jeune, ou bien des figures marquantes de prêtres, comme le Pape François, saint Jean-Paul II, le Curé d’Ars, Padre Pio, Don Bosco, l’abbé Pierre… Il est bon de montrer des prêtres différents, qui ont chacun touché à un domaine précis : éducation, service des malades des pauvres, grand mystique…
– Proposer à un prêtre d’être « parrainé » spirituellement par un petit enfant
– Pourquoi ne pas décrire en famille, à la mesure de ce que nous savons, ce que c’est que la vie d’un prêtre, sa mission, les joies qu’il en reçoit, le courage que les prêtres ont de tenir bon alors qu’ils sont peu considérés par le monde ?
– Faire bénir notre maison par un prêtre.
– Inviter le plus souvent possible un prêtre à notre table et en profiter pour lui demander pourquoi il a voulu être prêtre, comment il a vécu son séminaire, quels ont été ses ministères.
– Le plus évident, proposer à nos fils d’être servants d’autel.
Pour résumer, plus la proximité avec les prêtres est grandes, plus l’appel pourra naître comme naturellement.
Petit examen de conscience : est-ce que nous faisons ne serait-ce qu’un élément de tout cela avant de nous plaindre du manque de prêtre ? Pas de culpabilisation inutile, mais il est bon de s’y mettre tout doucement, nos enfants pourront alors sentir que nous commençons à avoir un cœur pour les prêtres, et toute l’ambiance chrétienne de notre famille pourra commencer à changer. C’est clairement une belle forme de conversion que de commencer à se préoccuper personnellement des vocations sacerdotales.
Chez les adolescents, toutes ces attitudes et actions devront être adaptées. C’est l’âge où il faut rester nous-mêmes avec nos convictions, nous exprimer clairement mais sans être directifs, et surtout répondre à leurs questions quand elles viennent. Dieu pourra alors, dans sa liberté souveraine, confirmer ou faire naître un appel dans un terreau qui a été si favorablement enrichi depuis l’enfance.
Nous laïcs, notre mission est clairement, avec résolution et discernement, sans lenteur ni précipitation, de nous convertir à la culture du sacerdoce.
Pas la peine de regarder en arrière en disant : « c’était mieux avant quand il y avait plus de prêtre », le passé est passé. C’est maintenant que tous, nous pouvons faire preuve de créativité et de persévérance pour que le sacerdoce trouve dans les conditions d’aujourd’hui la magnifique place qu’il doit avoir dans l’Église de France.
Addendum : imaginer une fête du sacerdoce en-dehors du Jeudi saint ?
Au cours de la rédaction de cet article m’est venue une idée pour fêter et mettre en valeur le sacerdoce, et favoriser les vocations.
Traditionnellement, le Jeudi Saint est la fête du sacerdoce car c’est la fête où Jésus a célébré l’Eucharistie en disant à ses apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi ».
Mais au cours de cette journée, les prêtres ne peuvent pas être mis en valeur, car tout est focalisé sur l’Eucharistie et les grands préparatifs du Triduum pascal. C’est normal.
Les consacrés ont leur journée de fête le 2 février, jour de la Chandeleur.
Pourquoi ne pas imaginer une fête du sacerdoce, qui ne serait pas liturgique, mais où l’on aurait tout le temps d’honorer le sacerdoce, les prêtres et tout ce qui va avec ?
Pour ne pas empiéter sur les grands temps liturgiques ni la dissoudre dans les vacances, on pourrait la placer un week-end début octobre, ou bien fin janvier, ou bien peut-être durant le temps pascal, pourquoi pas 15 jours ou une semaine avant l’Ascension ?
On pourrait organiser des événements pendant tout le week-end, dès le vendredi soir si nécessaire, pour diversifier au maximum les propositions. Les prêtres pourraient, pour une fois, choisir les activités proposées par les laïcs, et non le contraire !
Les idées d’activités ne manquent pas : journées portes ouvertes des séminaires, témoignages de prêtres sur le sacerdoce dans les paroisses, rassemblement de garçons et jeunes autour de plusieurs prêtres pour des tables rondes, invitations des prêtres à domicile ou dans un lieu animé par plusieurs familles.
Le temps du week-end, les laïcs pourraient être « aux petits soins » pour leurs prêtres, c’est-à-dire leur proposer de tout organiser pour eux, pour qu’ils vivent pour une fois un week-end « comme les laïcs » c’est-à-dire vraiment reposant.
Il faudrait que les prêtres se sentent vraiment « en famille » dans leur paroisse, que ce soit un week-end qu’ils attendent, un week-end où ils ne sont pas attendus pour les services qu’ils vont rendre, mais tout simplement un week-end où ils vont se détendre et où l’on prendra soin d’eux, une respiration dans leur vie trépidante.
Il pourrait y avoir des échanges de prêtres d’une paroisse à l’autre, selon les possibilités.
Les prêtres seraient complètement libres de leur emploi du temps pendant un week-end (la messe du dimanche restant sauve bien sûr !)
Combien de laïcs seraient heureux de témoigner à leur prêtre leur reconnaissance pour tous les immenses services accomplis par leurs pasteurs. Combien ceux-ci se sentiraient encouragés à continuer avec constance leur difficile mission.
Quel témoignage pour les paroissiens et pour leurs garçons quand ils en ont ! Quel joie de voir des prêtres « au naturel » et non rivés à leur mission !
Tout cela, ce ne sont que des idées jetées en l’air bien sûr.
Il faudrait que des laïcs en parlent à des prêtres et à des évêques. Qui sait, l’idée pourrait peut-être être reçue favorablement, au moins dans son principe, on ne sait jamais.
Sainte Julienne du Mont Cornillon a obtenu la fête du Saint-Sacrement.
Sainte Marguerite-Marie a obtenu la fête du Sacré-Cœur.
Sainte Faustine a obtenu la fête de la Miséricorde.
Si Dieu le veut, peut-être un jour le sacerdoce obtiendra-t-il un temps qui lui soit spécifiquement consacré en plus du Jeudi saint.
« Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », nous dit le saint Curé d’Ars. À nous d’honorer cette parole.
Voir aussi : Un évêque ça sert à quoi ?
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