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Catherine, Hypathie et les sœurs Mariposas.

Bonne fête Cat !

J’ai été frappé d’entendre à la radio que le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le même jour que la Sainte-Catherine.

Je lis que cette date a été choisie en référence à l’assassinat des trois sœurs Mirabal, surnommées sœurs « Mariposas » (« Papillons ») en République Dominicaine, le 25 novembre 1960. Le parallèle n’en reste pas moins troublant : la très probablement légendaire Catherine d’Alexandrie est révérée comme vierge, philosophe très convaincante et martyre ; une sainte patronne qui colle bien à cette journée internationale.

Cependant, son existence est sujette à caution, l’Église étant suspectée d’avoir repris à son compte le personnage d’Hypatie, philosophe païenne bienveillante envers les chrétiens, qui a toutefois été assassinée par ceux-ci. Catherine d’Alexandrie aurait ainsi été retirée du calendrier des saints chrétiens, avant d’y être réintégrée par… Jean-Paul II.

Je suis perplexe et assez triste devant tant de confusion. Honorer la mémoire de femmes brillantes le jour où la lutte contre les violences envers toutes les femmes est mise en avant, me semble très pertinent. Quelque part, c’est une manière de reconnaître que le système patriarcal a tendance à se méfier des femmes qui lui semblent trop intelligentes et / ou indépendantes, au point que certains hommes leur infligent des violences, et trop souvent les tuent ; c’est une invitation à nous améliorer.

Quelle est votre opinion sur ce sujet ? L’Église ne pourrait-elle pas se grandir en célébrant honnêtement la mémoire d’Hypatie plutôt que la dévotion à Sainte-Catherine ?

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À quoi ça sert d’être catholique pratiquant si ça ne change rien à ma vie ?

  1. Cat-modératrice

    Bonjour Pelostome,

    Merci d’avoir pensé à moi pour ma fête ! Encore pardon pour le retard de publication de votre révolte, dû au fait que je n’avais pas reçu la notification. Merci de me l’avoir signalé.

    Dans les premiers temps de l’Église, de nombreux saints légendaires ont été inventés pour servir d’exemple et inspirer les chrétiens. Ces saints sont des témoins d’héroïsme et non des précurseurs de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : ils n’enseignent pas à se relever après une faute car ils ne font jamais de fautes. De quoi décourager les plus faibles.
    Pour un certain nombre de ces saints, l’Église est presque sûre qu’ils n’ont jamais existé. Je ne sais pas pourquoi on continue de les fêter et de les prier !

    Je ne sais pas si sainte Catherine d’Alexandrie s’inspire d’Hypatie. D’une manière générale, l’Église a presque toujours voulu s’inspirer de ce qui était bon dans les autres cultures. En tout cas, l’Église ne peut pas fêter Hypatie au titre de sainte, puisqu’Hypatie n’était pas chrétienne.

    À l’heure actuelle, l’Église donne en exemple de nombreuses personnalités non chrétiennes : Gandhi, le Dalaï Lama, Khalil Gibran, Muhammad Yunus, Aung San Suu Kyi, etc. Chrétiens non catholiques aussi : Martin Luther King, Rosa Parks… Ce sont des personnalités plus récentes qu’Hypatie. Je sais, je n’ai pas cité beaucoup de femmes… Il faudrait peut-être davantage mettre en avant le bien que font les hommes et les femmes non chrétiens, mais je pense qu’il est plus pertinent de parler de personnes contemporaines. Même si, bien sûr, faire connaître des personnes anciennes serait intéressant aussi, mais on ne peut pas tout faire. Mais il est normal aussi que l’Église mette l’accent sur l’exemple du chemin spirituels de chrétiens.

    Ce que je ne comprends pas, c’est le fait de continuer à vénérer des légendes. Si vraiment Catherine d’Alexandrie n’a pas existé, je ne comprends pas que l’on continue de la donner en exemple. Et si c’est saint Jean-Paul II qui a rétabli son culte, alors j’ai trouvé un point où je suis en désaccord avec lui.

    • Pelostome

      Bonsoir,

      votre comparaison entre les saints et les saintes du Moyen Âge, parées de toutes les vertus et d’une foi inoxydable, avec ceux et celles des derniers siècles, qui laissent apparaître leurs fragilités et leurs défauts, est très intéressante et je la garderai précieusement en mémoire.

      Concernant Hypathie, votre remarque m’a tout d’abord semblée particulièrement frappée au coin du bon sens : « canoniser » une femme non-chrétienne constituerait le comble de la récupération ! Cependant, à bien y réfléchir, ce n’est pas exact. Le comble, c’est d’inventer de toutes pièces une sainte qui réunit toutes les vertus d’une non-chrétienne authentique, adversaire, mais bienveillante.

      Et quand on y pense, voler ainsi l’image d’une femme dont le seul crime aura été de ne pas penser comme soi, alors qu’on l’a soi-même assassinée, ce n’est plus de la récupération : c’est du cynisme pur et simple.

      La réhabilitation de Catherine d’Alexandrie est contée ici : https://www.ncregister.com/blog/why-john-paul-ii-restored-this-saint-to-the-calendar.

      L’Église catholique romaine compte de nombreux média de qualité : Radio Vatican, RCF, La Croix, KTO, Radio Notre-Dame, croire.com… Leurs collaborateurs y ont le plus souvent le sens de la mesure et du recul. Ne serait-il pas judicieux que, chaque 25 novembre, chacune de ces journées internationales contre les violences faites aux femmes, ils racontent systématiquement l’histoire double de Catherine d’Alexandrie et d’Hypathie afin de nous alerter sur les faiblesses coupables qui nous guettent tous : exaspération, colère, violence, meurtre et finalement déni ? Serait-ce trop demander ?

      • Cat-modératrice

        Bonjour Pelostome,

        Je pense que la plupart des gens ne savent pas qui est Hypathie, et ne connaissent pas non plus la biographie prêtée à Catherine d’Alexandrie.

        Si des chrétiens ont tué Hypathie, c’est quelque chose de dramatique. Mais il y a beaucoup d’éléments plus récents et tout aussi graves sur lesquels l’Église est obligée de se pencher aujourd’hui. À l’heure actuelle, plus personne ne peut douter que l’Église n’est pas composée que de gens parfaits. Si un évangélisateur se sent appelé par Dieu à enseigner à partir du témoignage d’Hypathie, qu’il le fasse. Mais je ne suis pas choquée par le fait que l’Église accorde la priorité à des dossiers plus récents. Ce n’est pas comme si elle essayait de passer pour un club de gens immaculés.

  2. Pelostome

    Bonjour,

    comme toujours, j’ai d’abord considéré que vous avez tout à fait raison et que ma requête apparaît bien superficielle au regard des défis de notre temps ; mais après réflexion, je n’en suis pas si sûr.

    Nous sommes saturés de chroniqueurs qui en appellent aux racines chrétiennes de la France et à revenir aux sources de cette chrétienté. Mais pour eux, la source de la chrétienté en France, c’est le baptême de Clovis ; ils occultent par paresse intellectuelle le reste de notre histoire.

    Ces mêmes chroniqueurs sont très fiers de nous conter que les femmes de plus de 25 ans non mariées avaient le privilège, chaque année, d’aller coiffer la statue de Sainte-Catherine, et que c’est de là que vient le terme de « Catherinette ». Et c’est tout.

    Les mêmes encore, vont découvrir peu à peu, au fil des prochaines années, que le 25 novembre est dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes, sans jamais mentionner l’événement dont il est fait mémoire ce jour-là, qui est un événement de l’histoire on ne peut plus contemporaine : l’assassinat de trois sœurs activistes par une dictature.

    Il me semble que l’Église a une chance – et une responsabilité – extraordinaires : celle de cultiver 2000 ans de mémoire ; cette mémoire du passé éclaire notre présent. Je crois vraiment que le « martyre » d’Hypatie a un sens vis-à-vis de la journée contre les violences faites aux femmes. Je reconnais volontiers qu’à la base, il s’agit d’une simple coïncidence de date. Mais il se trouve que j’essaie d’être attentif aux coïncidences ; que souvent, j’y vois l’occasion de nous interroger, et parfois, un clin d’oeil venu de plus haut que nous. L’Église a d’autres sujets plus actuels sur lesquels se pencher : c’est entendu ; mais franchement, je crois que l’Église a besoin de relire l’ensemble de son histoire si elle veut délivrer un enseignement pour notre temps.

    • Cat-modératrice

      Bonjour Pelostome,

      Chacun ne peut pas tout faire. L’Église c’est vous aussi. Si cet événement vous interpelle, alors c’est par vous que l’Église peut combler cette lacune ! Déjà, les lecteurs de ce site, moi la première, ont appris l’existence d’Hypatie grâce à vous.

  3. Pelostome

    Bonjour,

    vous avez raison. Moi-même, j’ai découvert le personnage d’Hypatie à l’occasion de cette coïncidence de dates. Cette inversion d’histoires m’a profondément touché car elle est révélatrice d’un mécanisme psychologique qui semble universel. C’est pourquoi je l’ai partagée sur votre site. Je ne vais pas en parler à tout bout de champ mais à l’occasion, je pourrai sans doute l’évoquer oralement en espérant que ce grain puisse un jour mystérieusement porter du fruit.

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