Témoignage d’une ancienne volontaire infirmière de l’association ANAK pendant sa mission à Manille auprès des enfants les plus démunis:
Interpellée par le fait que Archie ne grandissait pas, restait très maigre et qu’il toussait continuellement, je propose à sa grand-mère de les accompagner à l’hôpital. Les premiers examens diagnostiquent que Archie présente les signes de la tuberculose qui seront confirmés par une radio pulmonaire et un test tuberculinique. Nous commençons donc le traitement, associé à un supplément en lait-protéine et à un suivi régulier à l’hôpital. Ce traitement long et coûteux dure six mois au minimum. Ici la tuberculose est notre plus grand combat, nous suivons quotidiennement une vingtaine de patients. C’est un fléau dont un nombre considérable d’enfants souffrent malgré les vaccinations gratuites.
Archie, qui jusque là n’avait pas d’appétit, n’est plus jamais rassasié. Sa plaie au front termine de cicatriser et il commence à prendre du poids. J’apprends aussi que sa maman, Marie-Jane, vit près du centre. Elle a 19 ans et 3 enfants. A 17 ans, lorsqu’elle est de nouveau tombée enceinte, elle a voulu abandonner Archie aux soins des
missionnaires de la charité. C’est alors que sa grand-mère a recueilli le petit.
Lorsque l’on commence à soigner un enfant, nous apprenons à mieux connaître sa famille, leur maison, leur manière de vivre, la fratrie, les difficultés… Les soins d’Archie les ont poussées à faire plus attention à lui et à nous présenter Jonalyn, 2 ans. Elle ne marche pas car ses nerfs ont été lésés par le manque de nourriture. Après plusieurs examens, il s’est avéré qu’un peu de thérapie et une nutrition adaptée pourraient changer cela.
Archie est de plus en plus confiant et plus régulièrement présent au centre. Hélas, lors de ma dernière visite, je trouve porte close. Les voisins me disent que la famille a déménagé mais personne ne sait exactement où. Je suis très inquiète car Archie ne peut rester sans traitement et Jonalyn sans supplément alimentaire.
Peu de temps après, j’apprends que Marie-Jane passe parfois prendre le lait et qu’elle continue de venir fouiller les détritus sur la décharge. Je provoque la rencontre et lui demande si je peux visiter sa nouvelle maison. Elle semble ravie. Ils vivent maintenant sous un pont, dans une petite maison de bois avec 10 autres personnes mais n’ont plus la fumée du charbon qui s’infiltrait tous les jours dans leurs poumons. Les enfants ne toussent plus mais sont maigres.
Archie a encore un peu de médicaments mais j’ai des doutes concernant les doses qui lui sont données. Il vit de nouveau avec sa Maman mais a l’air absent. Je commence à jouer avec lui et sa petite sœur. Peu à peu, il retrouve son regard pétillant et son air malicieux. De nouveau, Jonalyn peut faire un pas sans se tenir…
Lorsque je repars, j’ai le cœur gonflé de joie. Depuis, il reprend correctement ses médicaments.
Chaque cas est un travail de longue haleine car il faut continuellement soutenir les parents qui s’essoufflent, les accompagner à l’hôpital, contribuer aux examens, mais cela vaut vraiment la peine… A chaque fin de traitement, quelle joie de voir l’enfant initialement apathique et très dénutri, retrouver à la fois un poids normal et sa joie de vivre.
ANAK-Un Pont pour les enfants
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8 rue des Réservoirs 78000 Versailles
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