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L’Évangile de ce jour commence par la phrase suivante :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » (Luc, chap.14, v.25)
Aujourd’hui Jésus nous donne une parole tout ce qu’il y a de plus radicale. Bien sûr, il ne nous demande pas d’abandonner notre famille. Cependant, il exprime bien un amour de préférence, et on peut être surpris qu’elle soit pour lui-même.
Jésus est Dieu. Notre amour pour Dieu, incarné en Jésus, doit être premier dans notre vie, faute de quoi nous ne sommes pas ses disciples, nous n’avons pas le droit de nous dire ses disciples et donc nous nous leurrons quand nous affirmons être chrétien.
Pour un chrétien cohérent, les attachements terrestres les plus chers sont seconds par rapport à l’attachement à Jésus, car rien de créé ne saurait être au-dessus de lui. C’est d’ailleurs en étant dans cette communion suprême avec lui que nous sommes rendus capables d’aimer jusqu’au bout nos proches, mais ce n’est pas mon propos ici.
Quand Jeanne d’Arc dit : « Dieu premier servi », il faut l’entendre de la manière la plus forte. Il s’agit de ne pas laisser Dieu en repos tant que je ne suis pas complètement brûlé par son amour. Un chrétien cohérent ne peut pas se contenter d’avoir une relation lointaine avec Dieu. S’il a l’impression que Dieu est loin, ne lui parle pas et ne l’écoute pas, il a la responsabilité de prier et de supplier pour entrer dans cette intimité dont parlait sans cesse le pape Benoît XVI. Celui-ci nous a enseigné, avec toute son autorité de représentant du Christ sur terre, que la vraie connaissance de Dieu est « une expérience personnelle de Jésus Christ et de son amour. La foi est avant tout une rencontre intime avec Jésus, qui nous permet de faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour. » (Audience publique du 22 octobre 2009)
Alors, je préfèrerai tout naturellement Jésus à mes plus proches. Et j’oserai même espérer qu’il me donnera le courage de rester ferme dans la foi s’il me demande le témoignage suprême, le martyre.
Dans la Roumanie fraîchement devenue communiste, en 1945, Richard Wurmbrand, un pasteur de 36 ans, ne s’est pas dérobé. Il assistait avec sa femme à un « congrès des cultes » où tous les ecclésiatiques présents exprimèrent leur volonté de coopérer avec les communistes. Ne supportant plus ces discours, sa femme lui dit ceci :
- Va laver de cet affront le visage du Christ.
- Si je le fais, tu perdras ton mari.
- Je n’ai que faire d’un lâche. Vas-y.
Richard Wurmbrand s’est levé, est monté à la tribune, et s’est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de la foi chrétienne. Les communistes réagirent par des injures, et en 1948, il fut jeté en prison, y passant au total 14 années de sa vie. (Extrait de Mes prisons avec Dieu, Richard Wurmbrand, Casterman, 1969, première partie, 10)
Dans cette épisode, il est admirable de constater que c’est chacun des deux membres du couple qui a préféré Jésus au conjoint. La femme de Richard Wurmbrand a eu le courage de le pousser à témoigner, alors qu’elle savait très bien qu’il serait jeté un jour arrêté et jeté en prison, et donc qu’elle serait seule pour élever leur fils, une solitude aggravée par l’humiliation d’être la femme d’un ennemi du régime. Richard Wurmbrand « n’a eu qu’à » répondre courageusement à l’injonction de sa femme, sachant lui aussi très bien que son acte lui vaudrait la prison et la séparation d’avec les siens.
Tout cela peut sembler très dur, et effectivement ça l’est, tant que nous n’avons pas fait cette rencontre personnelle avec Jésus, dont tous les saints témoignent. Une fois cette rencontre faite, nous pourrons dire en vérité : « Je préfère Jésus à tout, y compris à mes proches. Il est mon Sauveur et Seigneur. Je veux être son disciple jour après jour. »
Voir aussi : Jésus seul sauveur ?
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