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Le baptême de Jésus

Saint Matthieu nous raconte le baptême de Jésus par Saint Jean le Baptiste :

En ces jours-là arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée et disant : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » C’est bien lui dont a parlé Isaïe le prophète :

Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers. (Mt 3, 1-3)

Pour moi, je vous baptise dans de l’eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d’enlever les sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. (Mt 3, 11)

Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui. Celui-ci l’en détournait, en disant : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour l’instant : car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » Alors il le laisse faire. Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l’eau ; et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix venue des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. » (Mt 3, 13-17)

Jésus a-t-il donc besoin de recevoir le baptême de repentir ? Besoin, non, sauf si l’on considère que c’est une nécessité de l’amour de Dieu pour nous que de devenir solidaire de l’homme jusque dans les conséquences du péché.

Jésus ne veut pas nous écraser de sa pureté, Il ne veut pas faire de nous un peuple de soldats soumis, qui restent sages parce qu’ils n’osent plus faire d’erreurs.

Quand les ennemis de Jésus menacent de le lapider pour blasphème, parce qu’Il désigne Dieu comme son Père, Jésus ne défend pas sa dignité de deuxième Personne de la Trinité, Fils unique du Père, Verbe incarné. Non, c’est nous qu’Il veut élever à la dignité de fils adoptifs :

« Mon père et moi nous sommes un. »
Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour le lapider. Jésus leur dit : « J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres bonnes qui venaient de mon Père : pour laquelle de  ces œuvres me lapidez-vous ? » Les Juifs lui répondirent : « Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un  blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu ; Jésus leur répondit : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ?
Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie,
comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Vous blasphémez, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? » (Jn 10, 30-36)

Ainsi Jésus s’est fait homme, Il nous a rejoint dans notre condition de pécheurs, sans commettre le péché mais prenant sur Lui ses conséquences, pour pouvoir nous associer à Lui quand Son Père dit de Lui : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. »

Mais pourquoi Jésus dit-il à Jean-Baptiste : « C’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » ? Quel rapport entre la justice, et le fait qu’un innocent prenne sur lui, par amour, les conséquences de notre péché ? La justice de Dieu serait donc si différente de la justice des hommes ?

Au sujet de la justice, Jean-Paul II écrit dans son encyclique Dives in Misericordia :

« Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous », écrira saint Paul, résumant en peu de mots toute la profondeur du mystère de la croix et en même temps la dimension divine de la réalité de la rédemption. Or cette rédemption est la révélation ultime et définitive de la sainteté de Dieu, qui est la plénitude absolue de la perfection : plénitude de la justice et de l’amour, puisque la justice se fonde sur l’amour, provient de lui et tend vers lui. Dans la passion et la mort du Christ – dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais « l’a fait péché pour nous »—, s’exprime la justice absolue, car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une « surabondance » de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent « compensés » par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice, qui est au sens propre justice « à la mesure » de Dieu, naît tout entière de l’amour, de l’amour du Père et du Fils, et elle s’épanouit tout entière dans l’amour. C’est précisément pour cela que la justice divine révélée dans la croix du Christ est « à la mesure » de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut.

Ainsi, pour Dieu il est juste que Jésus se fasse baptiser comme un pécheur. Sans l’aide de Dieu, nous n’aurions jamais pu réparer les péchés du monde, nous n’aurions jamais pu faire justice de tous le mal commis. Nous n’aurions fait que nous entraîner les uns les autres à commettre encore plus de mal.

Mais en prenant sur Lui les conséquences de tous les péchés, en répondant au mal par l’amour, Jésus a le pouvoir de nous purifier, si nous accueillons son pardon et son amour. Ainsi purifié, notre cœur peut accueillir l’amour, et enfin aimer comme Dieu aime.

Saint Pierre écrit : « Mais surtout ayez un ardent amour les uns pour les autres ; car l’amour couvre une multitude de péchés. » (1P 4, 8).

Ainsi seul l’amour infini qui vient du cœur de Jésus, à travers son cœur et à travers les nôtres si nous l’accueillons, peut réparer tout le mal et le péché du monde. Le baptême de Jésus est donc le point de départ de la seule vraie justice.

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