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Sur le chapitre I de l’encyclique Redemptoris Missio.

Jean-Paul II a publié l’encyclique Redemptoris Missio en 1990, pour réagir à certains courants de pensée catholiques, qui affirmaient l’inutilité d’annoncer Jésus-Christ.

Martyrs japonais, photo AbrahamTant de martyrs, depuis le premier siècle, auraient donc choisi de perdre la vie pour rien ? Tous ceux qui ont versé leur sang en punition d’avoir proclamé leur foi en Jésus auraient donc été seulement victimes de leur aveuglement ?

Dans ce premier chapitre, Jean-Paul II nous rappelle que selon la doctrine catholique, Jésus-Christ est le seul et unique Sauveur. La communion avec Dieu n’est possible que par Lui, sous l’action de l’Esprit Saint.

Est-ce donc un horrible intégrisme que d’affirmer cela ? Dans la lignée du concile Vatican II, Jean-Paul II affirme que la médiation de Jésus seul Sauveur n’est pas un obstacle au salut des non-chrétiens, mais au contraire un chemin proposé à tous les hommes.

Ceux qui ne reconnaissent pas Jésus comme leur sauveur ne sont pas forcément privés du salut :

L’universalité du salut ne signifie pas qu’il n’est accordé qu’à ceux qui croient au Christ explicitement et qui sont entrés dans l’Église. Si le salut est destiné à tous, il doit être offert concrètement à tous. Mais il est évident, aujourd’hui comme dans le passé, que de nombreux hommes n’ont pas la possibilité de connaître ou d’accueillir la révélation de l’Évangile, ni d’entrer dans l’Église. Ils vivent dans des conditions sociales et culturelles qui ne le permettent pas, et ils ont souvent été éduqués dans d’autres traditions religieuses. Pour eux, le salut du Christ est accessible en vertu d’une grâce qui, tout en ayant une relation mystérieuse avec l’Église, ne les y introduit pas formellement mais les éclaire d’une manière adaptée à leur état d’esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ, elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l’Esprit Saint : elle permet à chacun de parvenir au salut avec sa libre coopération.

C’est pourquoi le Concile, après avoir affirmé le caractère central du Mystère pascal, déclare : « Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au Mystère pascal. »

Jésus arrache Adam et Ève à leurs tombes. Fresque à Istambul.

Jésus est le seul Sauveur, mais Il peut sauver tout homme, y compris ceux qui ne le connaissent pas, ou ceux qui croient le rejeter, parce qu’ils n’ont pas compris qui Il est vraiment.

Mais alors, si la foi n’est pas nécessaire pour être sauvé, le martyr semble donc en effet inutile ! Pourquoi la mission ?

Le sens de la mission, c’est que la véritable libération est de s’ouvrir à l’amour du Christ. Par Lui non seulement nous sommes libérés du mal, mais aussi il nous est offert d’accueillir « l’insondable richesse du Christ » qui seule répond aux exigences et aux aspirations du cœur humain.

À la question pourquoi la mission?, nous répondons, grâce à la foi et à l’expérience de l’Église, que la véritable libération, c’est s’ouvrir à l’amour du Christ. En lui, et en lui seulement, nous sommes libérés de toute aliénation et de tout égarement, de la soumission au pouvoir du péché et de la mort. Le Christ est véritablement « notre paix » (Ep 2, 14), et « l’amour du Christ nous presse » (2 Co 5, 14), donnant à notre vie son sens et sa joie. La mission est un problème de foi ; elle est précisément la mesure de notre foi en Jésus Christ et en son amour pour nous.

Aujourd’hui, la tentation existe de réduire le christianisme à une sagesse purement humaine, en quelque sorte une science pour bien vivre. En un monde fortement sécularisé, est apparue une « sécularisation progressive du salut », ce pourquoi on se bat pour l’homme, certes, mais pour un homme mutilé, ramené à sa seule dimension horizontale. Nous savons au contraire que Jésus est venu apporter le salut intégral qui saisit tout l’homme et tous les hommes, en les ouvrant à la perspective merveilleuse de la filiation divine.
L’Église, et en elle tout chrétien, ne peut garder pour elle cette nouveauté et cette richesse que Dieu veut communiquer à tout homme.

On peut donc dire que la mission découle « non seulement du précepte formel du Seigneur mais aussi de l’exigence profonde de la vie de Dieu en nous. »

Ce don a été confié aux chrétiens par pure grâce (c’est-à-dire par un don de Dieu que nous n’avons pas mérité), et si nous n’y conformons pas notre vie, donnant un témoignage de foi et de vie chrétienne, nous sommes gravement coupables.

Dieu nous a permis de connaître Jésus non parce qu’Il nous préférait aux autres, mais pour nous donner la mission de faire connaître à tous ce chemin qui leur est proposé. Personne n’est obligé de croire ni de suivre Jésus, mais tous on le droit de savoir que cela leur est proposé.

Chapitre suivant : Le Royaume de Dieu expliqué par Saint Jean-Paul II

Voir aussi : Jésus seul sauveur ?

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