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Mon amie Séverine Dubois, membre du mouvement Points-Cœur, m’a une fois encore autorisée à publier des extraits de son rapport de mission. Je commence par vous faire part des nouvelles de son quartier, après le passage du Typhon, et je publierai très prochainement d’autres passages de sa dernière lettre.

Typhon aux Philippines

Vous avez tous suivi avec beaucoup de douleur les conséquences du passage de cet incroyable typhon aux Philippines. Pour vous rassurer en ce qui nous concerne, Manille n’a pas été touchée. C’est à peine si nous avons eu quelques pluies. Comme nous n’avons pas la télévision et que les tout premiers chiffres ne faisaient état « que » de quelques morts, nous avons maintenu notre retraite communautaire prévue depuis déjà un moment. C’est au retour, le jeudi, que nous avons pris conscience de l’ampleur de la situation.

Nous rencontrons maintenant ici et là des amis ayant des membres de leur famille blessés ou décédés. Il y a quelques jours, nous apprenions que Leo était sans nouvelle de sa sœur depuis une semaine, mais pour cette famille, l’issue est heureuse car elle est finalement en vie ; Edgard nous a annoncé que son fils de neuf ans a été accidenté par la chute d’un arbre, tandis que ses cousins ont été emportés par les eaux ; samedi, notre ami Alden nous faisait par du décès de son beau-frère dont le corps n’a pas encore été retrouvé…

L’année dernière, quand déjà des pluies diluviennes s’étaient abattues sur le pays, je me souviens du cri d’une de nos amis : « Le Seigneur n’avait-il pas promis à Noé que ce déluge serait le dernier ? » Question légitime en effet que nous sommes tous en droit de nous poser…

Catastrophe… et entraide. Entraide à l’intérieur même du peuple philippin, à l’image de Josa, treize ans, fille de Suzana (Cf. sur ce blog Le réveil d’une mère, autre témoignage de Séverine Dubois), qui vient nous demander une nouvelle fois si nous n’avons pas une brosse à dents. Et moi qui lui demande un peu sceptique : « Ne t’en ai-je pas déjà donné une il y a peu ? » Elle me répond : « Si, mais cette fois-ci, c’est pour les victimes du typhon… ». Pauvre de moi… Quand aurais-je enfin appris de nos amis ?

À un niveau très personnel, je crois n’avoir jamais reçu autant de mails d’un coup. Certains d’entre vous, dont je n’avais pas reçu de nouvelles depuis des mois et des mois, se sont soudainement manifestés. Je n’en revenais pas. Merci, merci ! C’est d’ailleurs ce qui m’a aidée à comprendre qu’il venait de se passer quelque chose d’une gravité insoupçonnée. C’est profondément émouvant de sentir les yeux du monde rivés sur les Philippines, le cœur du monde ralentir et battre soudainement au rythme philippin.

Et cela me fait réfléchir. Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi faut-il toujours une catastrophe de cette ampleur pour que l’on soit capable de lever les yeux de notre petit moi et laisser notre cœur battre au rythme d’un autre… Pourquoi faut-il que j’apprenne que la grand-mère de la petite Nicole vient de sortir de l’hôpital et est désormais incapable de s’alimenter pour que je découvre son existence et que j’aille la visiter ? Pourquoi faut-il qu’un cercueil fasse son apparition dans notre courée pour apprendre qu’une de nos voisines était une jeune personne handicapée, et aller enfin parler à la famille, bref me sentir concernée…
 

Merci à Séverine Dubois pour son autorisation de publier son témoignage et ses photos sur notre blog.

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