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Nous fêtons aujourd’hui sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, proclamée docteur de l’Église par Jean-Paul II le 19 octobre 1997.
Par cet acte qui l’a faite devenir la troisième femme docteur de l’Église, le magistère de l’Église a reconnu comme authentique la doctrine enseignée par sainte Thérèse dans ses écrits, et l’Église reconnaît qu’elle a quelque chose à nous faire comprendre que personne n’avait su aussi bien expliciter jusque-là.
Grâce à sainte Thérèse, l’Église a mieux compris que le vrai combat pour se rapprocher de Dieu n’est pas le combat pour la vertu morale — par exemple : lutter pour parvenir à rester poli avec ses parents, à ne pas manger trop de chocolat, à rester chaste, à se déranger pour rendre service ou à ne pas mentir…
Ces combats en valent la peine, car si nous y parvenons, nous évitons des actes qui font du mal, et nous faisons du bien. Mais ce n’est pas cela qui nous rapprochera de Dieu, et ce n’est pas notre échec à vivre ces vertus qui nous séparera de Dieu : si nous faisons le bien sans amour, cela ne nous sert à rien (Cf. 1 Co 13) pour notre vie spirituelle, et nous pouvons nous en enorgueillir et nous éloigner de Dieu.
Si nous aimons Dieu et si nous voulons aimer nos frères humains, nous désirons forcément faire le bien, mais la plupart d’entre nous échouons très souvent, comme saint Paul, à faire le bien que nous voulons faire et à éviter le mal que nous ne voudrions pas faire (Cf. Rom 7,15). L’enjeu fondamental pour nous alors n’est pas de trouver la force que nous n’avons pas, mais de croire encore et toujours que nos chutes n’ont pas d’importance aux yeux de Dieu et ne nous ralentissent pas dans notre chemin vers Lui, dans la mesure où nous Lui remettons ces échecs, si notre désir de Dieu est plus grand que l’humiliation de ne pas être capable de faire le bien. Crions-nous vers Dieu à chaque fois que nous péchons, et nous tenons-nous prêts à être relevés par Lui pour continuer à avancer quoi qu’il arrive ?
Le combat que nous a enseigné la petite Thérèse, c’est celui de la confiance totale en Jésus.
Pour le centenaire de la naissance de Thérèse (2 janvier 1973), le pape Paul VI écrivait :
De même aujourd’hui, il importe de raviver l’espérance. Beaucoup éprouvent durement les limites de leurs forces physiques et morales. Ils se sentent impuissants devant les immenses problèmes du monde dont ils s’estiment à juste titre solidaires. Le travail quotidien leur semble écrasant, obscur, inutile. Bien plus, parfois, la maladie les condamne à l’inaction, la persécution étend sur eux un voile étouffant. Les plus lucides ressentent davantage encore leur propre faiblesse, leur lâcheté, leur petitesse. Le sens de la vie peut ne plus apparaître clairement, le silence de Dieu, comme on dit, peut se faire oppressant. Certains se résignent avec passivité ; d’autres se referment sur leur égoïsme ou sur la jouissance immédiate ; d’autres se durcissent ou se révoltent ; d’autres enfin désespèrent. Aux uns et aux autres, Thérèse « de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face » apprend à ne pas compter sur soi-même, qu’il s’agisse de vertu ou de limite, mais sur l’Amour mystérieux du Christ qui est plus grand que notre cœur et nous associe à l’offrande de sa Passion et au dynamisme de sa Vie. Puisse-t-elle enseigner à tous la « petite voie royale » de l’esprit d’enfance, qui est aux antipodes de la puérilité, de la passivité, de la tristesse !
Ainsi, notre faiblesse et notre incapacité à être vertueux ne doivent pas nous faire peur. Ce qui est déterminant, c’est notre désir de Dieu, notre désir d’être uni à Jésus. Si ce désir est là, alors le combat que nous avons à livrer est celui de l’enfance spirituelle, le combat de la confiance et de l’abandon.
« Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses » (1 Jn 3, 20). Nous n’arrivons pas à être vertueux, à faire le bien et à éviter le mal. Parfois nous pourrions faire le bien mais nous n’avons pas le courage, pas la volonté, ou même un moment de mauvaise volonté… Le combat à livrer, c’est celui d’oser tout remettre à Jésus. Avoir confiance que Jésus peut vaincre même notre nullité et notre mesquinerie, et qu’Il le veut, et qu’Il le fera, à la mesure de notre désir d’être uni à Lui, et dans la mesure où nous le laisserons agir en nous.
Voir aussi : Optimisme ou espérance ?
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