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Paris, été 1794. La Terreur a atteint son sommet. Chaque jour, la charrette emmène son lourd chargement humain à la guillotine. À la Convention, Robespierre et son clan règnent sans partage, supprimant méthodiquement leurs opposants réels ou imaginaires. Les autres députés crèvent de peur : seront-ils les prochains à monter à l’échafaud ? Le 24 juillet, Robespierre montre une liste en disant : « Des têtes vont tomber… »

Robespierre et l'artisan de sa chute, Tallien

C’en est trop. Le député Tallien, plutôt couard, haï de Robespierre, n’avait rien pu faire pour éviter la prison à sa maîtresse Térésia Cabarrus, ex-épouse d’un haut fonctionnaire de la monarchie. Sur le point de passer devant le tribunal révolutionnaire, dont tous les verdicts sont la mort, elle écrit une lettre traitant Tallien de lâche et remettant en cause sa virilité s’il ne la sauve pas. En ces temps troublés, on s’attendrait peu à ce que l’amour soit la cause d’un changement de régime. Et pourtant Tallien, submergé d’émotion, est d’un seul coup prêt à tuer ou à se faire tuer pour sauver sa belle.

Il rassemble ceux qui n’ont pas supporté de voir la liste de Robespierre, et leur dit : c’est lui ou nous. Le 27 juillet, au péril de sa vie, Tallien se lève en pleine assemblée et coupe la parole à Robespierre en le mettant en accusation. Tout le monde retient son souffle : Tallien va-t-il être suivi, ou être lui-même arrêté et exécuté immédiatement ? D’un seul coup, la rage des députés, terrorisés depuis des mois, se déchaîne contre Robespierre. Il est arrêté séance tenante avec son clan au grand complet, soit une vingtaine d’hommes. Leurs têtes tombent dès le lendemain.

Très vite, la nouvelle assemblée, dite Thermidorienne, fait cesser la Terreur. La Révolution engage sa pente descendante. À son insu, Tallien a, dans le seul but de sauver la femme qu’il aime, sauvé la vie de milliers de personnes et terminé l’épisode le plus sanglant de la Révolution.

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