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Pourquoi tant de nos prières ne sont-elles pas exaucées ? Pourquoi Dieu laisse-t-il mourir ou partir les personnes que nous aimons ? Pourquoi tant de souffrances, où que l’on regarde dans le monde, à commencer par ma propre vie ?
Dieu ne nous a pas promis d’empêcher la souffrance, au contraire il nous a prévenus que nous allions souffrir. Mais alors, Dieu, à quoi sert-il ?
Dans son encyclique Redemptoris Missio, saint Jean-Paul II explique que la nature du Royaume de Dieu est « la communion des hommes entre eux et avec Dieu ». Ce qui veut dire que, si Dieu est vraiment notre créateur, le sens de notre vie, ce pourquoi nous sommes faits, est cette communion, cet amour.
Attention, il s’agit bien de l’amour tel qu’il est dans le cœur de Jésus : un profond désir du bonheur de l’autre, un désir brûlant de vivre cette communion, cette proximité avec l’autre, accompagné d’une liberté intérieure qui permet d’accepter la séparation, ou le refus d’aimer de la part de l’autre, qui toujours laisse l’autre libre. Un tel amour entraîne de la souffrance devant la souffrance de l’autre, sa haine ou son indifférence. Il entraîne un profond bonheur quand l’amour est partagé. Mais le bonheur est là, en Dieu, même quand l’amour n’est pas réciproque.
Jésus a dit : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Luc 17, 21) et « Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jean 14, 14). Cela veut dire que cet amour, nous n’avons pas besoin d’attendre la mort pour commencer à en vivre, et que si nous faisons des prières « au nom de Jésus », c’est-à-dire correspondant à sa volonté, nous serons exaucés. Nous ne savons pas toujours précisément quelle est la volonté de Jésus, mais nous savons toujours qu’il veut que son Royaume advienne par l’amour. « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » Donc lorsque nous prierons sincèrement pour aimer nos frères et sœurs, nous serons toujours exaucés.
C’est peut-être frustrant de se dire que Dieu s’engage à exaucer notre prière, pour peu qu’on lui demande d’aimer… Nous avons certes d’autres besoins, mais Jésus nous a aussi promis de nous donner tout ce dont nous avons besoin pour vivre, si nous cherchons d’abord « le Royaume de Dieu et sa justice », le Royaume de Dieu consistant donc dans la communion. Notons que Jésus n’a pas toujours les mêmes idées que nous concernant ce dont nous avons vraiment besoin pour vivre. Notons aussi qu’il tient compte de nos besoins psychiques, pas uniquement du fonctionnement biologique de notre corps.
Attention ! Je ne dis pas qu’il est inutile de demander à Dieu tout ce dont nous avons besoin, de l’appeler au secours dans nos épreuves et nos souffrances, de lui demander de répondre à nos désirs profonds… Il faut lui demander tout cela ! Il nous a dit de lui demander ce dont nous avons besoin, comme à un père qui nous aime. Dieu prend en compte toutes nos prières, mais nous ne savons jamais de quelle manière il va y répondre. Sauf quand nous demandons d’aimer, mais même là nous ne savons pas comment il va s’y prendre pour rendre notre cœur capable d’aimer, ni combien de temps cela va prendre.
Pour revenir à la communion, n’oublions pas qu’elle implique un amour réciproque : si j’aime comme Jésus aime, sans être aimé(e) en retour, il s’agit de la charité, pas de la communion, donc pas encore du Royaume de Dieu.
Tiens ! Je vais donc prier pour que les autres m’aiment, et je les aimerai à mon tour ensuite ! Il n’est pas interdit de prier pour que les autres nous aiment, cependant la prière pour aimer les autres, si elle est sincère, est beaucoup plus efficace. En effet, Dieu ne veut forcer personne à aimer. Mais si je prie pour aimer, même si j’ai un cœur de pierre, Dieu aura la collaboration de ma volonté, et là il peut tout.
Mais je n’ai pas envie d’aimer tout le monde sans être aimé(e) de personne ! Certes… Nous sommes toujours aimés au moins de Jésus, mais cela ne suffit pas, nous sommes faits pour partager l’amour avec les êtres humains.
Heureusement, il y a cette promesse de saint Jean de la Croix, reprise par le bienheureux Charles de Foucault : « Là où il n’y a pas d’amour, semez de l’amour, vous récolterez de l’amour ».
Quand on aime vraiment, il est impossible que certaines personnes ne se mettent pas à nous aimer, même si on peut se faire beaucoup d’ennemis aussi, comme nous le montrent les vies de Jésus et des saints. Beaucoup de saints ont eu de très grandes amitiés, ou un grand amour conjugal pour ceux qui étaient mariés.
Et n’oublions pas qu’il n’est pas nécessaire d’aimer pour avoir des ennemis. La souffrance fait partie de la vie pour ceux qui aiment comme pour ceux qui n’aiment pas, mais ceux qui aiment avec Jésus expérimentent une plénitude à laquelle les autres n’ont pas accès.
Donc pour expérimenter ce bonheur promis, il faut commencer à prier pour aimer comme Jésus aime, en le désirant vraiment. Mais difficile de le désirer vraiment quand on a tant d’autres problèmes urgents et souffrances difficiles à supporter. Comment désirer aimer avant toute chose, aimer sans attendre de retour, quand on est écrasé par les souffrances de la vie ? Comment croire que là est la réponse à toutes nos frustrations, la consolation profonde de toutes nos séparations ?
C’est pour ça que Jésus insiste tellement pour que nous ayons la foi. Sans la foi, nous continuerons à aspirer à la résolution de nos problèmes, l’un après l’autre, sans croire que, si nous les laissons de côté un instant pour demander d’aimer, ce sera justement le chemin qui nous libérera et nous rendra heureux.
Si nous croyons dans les promesses de Jésus, alors nous pouvons commencer à désirer cela, à le demander et à être exaucés (avec de la patience).
Alors si nous n’arrivons pas à désirer aimer, commençons par désirer la foi et la demander !
Personnellement, il m’arrive souvent de me sentir en colère contre Dieu, à cause de toutes les souffrances qu’il laisse faire dans le monde, et à cause de mes propres souffrances. Mais même lorsque je suis en colère contre lui, je garde la certitude que la vie ne peut trouver son sens que dans l’amour du cœur de Jésus. Je sais que je ne suis heureuse que lorsque l’amour de son cœur est déposé dans mon cœur pour aimer tous les humains. Alors je renonce à faire la tête à Jésus et je continue à lui demander cet amour.
Voir aussi :
– Pourquoi rendre un culte à Dieu ?
– Le monde a besoin de témoins qui voient le bien
– Jésus seul sauveur ?
– Vivre dans la présence de Dieu
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