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Deuxième partie : Un mariage qui libère de la peur de la lumière
Le premier signe de la communion brisée après la chute (le péché originelle d’Ève et Adam) fut la honte et la volonté de se cacher par peur de Dieu1. L’un des principaux fruits annoncés de la mission de salut du Christ, c’est de pouvoir dire à ceux qui se cachent : « Montrez-vous ! »
Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice,
je t’ai saisi par la main, et je t’ai modelé,
j’ai fait de toi l’alliance du peuple,
la lumière des nations,
pour ouvrir les yeux des aveugles,
pour extraire du cachot le prisonnier,
et de la prison ceux qui habitent les ténèbres2. (Premier chant du Serviteur)
Ainsi par le Seigneur :
Au temps de la faveur je t’ai exaucé,
au jour du salut je t’ai secouru.
Je t’ai façonné et j’ai fait de toi l’alliance d’un peuple
pour relever le pays,
pour restituer les héritages dévastés,
pour dire aux captifs : « Sortez »,
à ceux qui sont dans les ténèbres : « Montrez-vous3. » (Deuxième chant du Serviteur)
Se cacher dans les ténèbres, cela veut dire refuser de montrer ce qu’il y a au fond de notre cœur, aux autres hommes, à nous-mêmes et à Dieu. C’est vraiment l’œuvre du Salut que de pouvoir faire sortir ceux qui se cachent dans les ténèbres, de pouvoir les libérer de leurs tombeaux. Qu’est-ce qui fait que des hommes puissent « mieux aimer les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres sont mauvaises4 » ? Il y a l’orgueil bien sûr, il y a la convoitise et l’attachement au péché, il y a l’ignorance de la vraie nature de l’amour de Dieu, il y a la honte et le découragement à l’idée de suivre un chemin de conversion, la certitude d’être rejeté par ceux qui nous verraient, le dégoût d’avoir gâché et détruit ce qui était ou ce qui aurait pu être beau et bon, d’avoir gaché sa vie, de s’être irrémédiablement souillé, irrémédiablement coupé de l’amour auquel on aspire.
C’est pourquoi, si certains habitants des ténèbres, même rejoints en profondeur par la Lumière, lui opposent une fin de non recevoir, pour beaucoup d’autres, pour lesquels Jésus a voulu descendre au plus profond des enfers, il y a une guérison possible qui s’appelle « Alliance », « Union », « Mariage ».
N’aie pas peur, tu n’éprouveras plus de honte,
ne sois pas confondue, tu n’auras plus à rougir ;
car tu vas oublier la honte de ta jeunesse,
tu ne te souviendras plus de l’infamie de ton veuvage.Ton créateur est ton époux,
le Seigneur Sabaot est son nom5.
Au lieu de votre honte, vous aurez double part,
au lieu de l’humiliation, les cris de joie seront leur part ;
aussi recevront-ils double héritage dans leur pays
et auront-ils une joie éternelle. Car moi, Yahvé, qui aime le droit,
qui hais le vol et l’injustice,
je leur donnerai fidèlement leur récompense
et je conclurai avec eux une alliance éternelle. Leur race sera célèbre parmi les nations,
et leur descendance au milieu des peuples ;
tous ceux qui les verront les reconnaîtront
comme une race que le Seigneur a bénie. Je suis plein d’allégresse dans le Seigneur,
mon âme exulte en mon Dieu,
car il m’a revêtu de vêtements de salut,
il m’a drapé dans un manteau de justice,
comme l’époux qui se coiffe d’un diadème,
comme la fiancée qui se pare de ses bijoux6.
C’est bien l’Époux qu’ont cruellement besoin de rencontrer ceux de nos contemporains qui sont sans repères, sans morale et sans espérance, pour pouvoir reconstruire leur vie et leur identité brisées. Nous ne sommes pas l’Époux, nous sommes amis de l’Époux, mais pour pouvoir transmettre l’amour de l’Époux à l’épouse, il faut que nous-même nous ayons été épousé par Lui. L’ami de l’Époux doit être épouse pour pouvoir accomplir sa mission…
Pour pouvoir être uni au Christ, l’homme écrasé par la honte, qu’il soit pécheur ou innocent humilié, doit d’abord découvrir le regard de Jésus posé sur lui, rejoint au plus profond de ses ténèbres. C’est l’ouverture à la lumière qui est source de sainteté. Remarquez que Jésus n’a pas dit :
Celui qui fait des œuvres bonnes
vient à la lumière
afin que soit manifesté
que ses œuvres sont de Dieu.
Mais il a dit à Nicodème :
Quiconque, en effet, commet le mal
hait la lumière et ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres soient démontrées coupables,
mais celui qui fait la vérité
vient à la lumière
afin que soit manifesté
que ses œuvres sont faites en Dieu7.
Celui qui choisit la vérité et la lumière peut parfois même pécher « en Dieu », s’il reste dans une « attitude de confession8 », de transparence du cœur devant Dieu qu’il désire plus que le mal qu’il commet à cause de sa misère. Un signe de cette transparence intérieure peut être la paix et la liberté intérieure à l’idée que notre péché vienne à la lumière aux yeux de tous. Ceci n’est possible que pour qui a connu que la Vérité est Amour, que la Lumière est union à Jésus.
Lire la première partie : Une Épouse sainte et immaculée ?
Lire la troisième partie : Voici l’Épouse de Dieu qui porte la honte du monde…
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1. Cf. Gn 2, 24-25 et Gn 3, 8-10.
2. Is 42, 6-7.
3. Is 49, 8-9.
4. Jn 3, 19b.
5. Is 54, 4-5a.
6. Is 61, 7-10.
7. Jn 3, 20-21.
8. Expression d’Adrienne von Spear.
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