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Le mariage mystique de sainte Catherine de Sienne, tableau de Pinturicchio, 2e moitié du XVe siècle
Le mariage mystique de Sainte Catherine de Sienne

Première partie : Une Épouse sainte et immaculée ?
 

Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée. […] Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. (Ep 5, 25-32)

L’Église est l’Épouse de Jésus. Le mariage chrétien entre un homme et une femme est semblable à l’union qui existe entre Jésus et l’Église. Enfin, pour que ce soit vraiment semblable, il faudrait que les maris aiment leurs femmes comme Jésus nous aime… Mais les maris chrétiens comme leurs femmes font partie de cette Église qui a besoin du sang de Jésus-Christ pour être sauvée.
 

Jésus, en donnant sa vie, voulait obtenir une épouse sainte et immaculée. Il semblerait bien qu’Il ait raté son objectif et versé son sang pour rien ! Notre Église, sans tache ?!

Comment Jésus peut-Il se présenter à Lui-même une Église sainte ?

« Soyons dans l’allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l’Agneau, et son épouse s’est faite belle : on lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante » —  le lin, c’est en effet les bonnes actions des saints. Puis il me dit : « Écris : Heureux les gens invités au festin de noce de l’Agneau. » (Ap 19, 7-9)

La robe immaculée de l’Église immaculée, ce sont les bonnes actions des saints. Tous les membres de l’Église sont reliés les uns aux autres, d’une certaine manière chacun de nous est aussi responsable des actes d’amour des saints et des péchés des autres.
Chacun des actes d’amour vrais qui sont posés dans l’Église est le fruit du sacrifice de Jésus. On a souvent plus tendance à remarquer les péchés des membres de l’Église que les bonnes actions des saints. C’est normal, et c’est normal aussi que chacun des péchés des chrétiens choque plus que les péchés des non-chrétiens. Le contraste entre l’amour et la pureté de Jésus, et chaque acte mauvais, est tellement violent !

Pourtant, en tant que chrétiens nous ne devrions pas avoir le même regard sur l’Église que celui des non-chrétiens : nous devrions éduquer notre regard à remarquer tout ce qui est bon, à remarquer tous ces actes d’amour qui tissent la robe de lin de l’Église.
Et dans les chrétiens qui font du mal, nous devrions aussi nous émerveiller sur l’action de salut qui est en train de s’accomplir en eux, mais qui n’est pas achevée. Et nous devrions accompagner cette action de Jésus en eux, par notre prière. — Oh, mais Jésus n’arrivera jamais à sanctifier celui-ci et celui-là que je connais ! — Qui sommes-nous pour les juger sur les apparence et pour nier que la grâce est en train de faire son chemin dans leur cœur ?
 

Dans l’Ancien Testament, Dieu vient déjà parler au cœur de son épouse pour la conduire vers l’union à laquelle Il aspire tant :

N’aie pas peur, tu n’éprouveras plus de honte,
  ne sois pas confondue, tu n’auras plus à rougir ;
  car tu vas oublier la honte de ta jeunesse,
  tu ne te souviendras plus de l’infamie de ton veuvage. Ton créateur est ton époux,
  Le Seigneur Sabaot est son nom,
  le Saint d’Israël est ton rédempteur,
  on l’appelle le Dieu de toute la terre. Oui, comme une femme délaissée et accablée,
  le Seigneur t’a appelée,
  comme la femme de sa jeunesse qui aurait été répudiée,
  dit ton Dieu. Un court instant je t’avais délaissée,
  ému d’une immense pitié, je vais t’unir à moi. Débordant de fureur, un instant,
  je t’avais caché ma face.
  Dans un amour éternel, j’ai eu pitié de toi,
  dit le Seigneur, ton rédempteur. Ce sera pour moi comme au temps de Noé,
  quand j’ai juré que les eaux de Noé
  ne se répandraient plus sur la terre.
  Je jure de même de ne plus m’irriter contre toi,
  de ne plus te menacer. Car les montagnes peuvent s’écarter
  et les collines chanceler,
  mon amour ne s’écartera pas de toi,
  mon alliance de paix ne chancellera pas,
  dit le Seigneur qui te console. Malheureuse, battue par les vents, inconsolée,
  voici que je vais poser tes pierres sur des
  escarboucles,
  et tes fondations sur des saphirs ; je ferai tes créneaux de rubis,
  tes portes d’escarboucle
  et toute ton enceinte de pierres précieuses. Tous tes enfants seront disciples de le Seigneur,
  et grand sera le bonheur de tes enfants. Tu seras fondée dans la justice,
  libre de l’oppression: tu n’auras rien à craindre,
  libre de la frayeur : elle n’aura plus prise sur toi.

Dans tout l’Ancien Testament, on voit Dieu revenir sans cesse et sans cesse vers sa femme infidèle, essayant de l’attirer, saisissant toutes les occasions où elle est déçue des chemins de mort qu’elle a pris… L’épouse infidèle de Dieu, c’est son peuple et c’est chacun de nous. Rien ne fera renoncer Jésus à nous chercher sans cesse et sans cesse, jusqu’à ce qu’Il ait pu nous unir à lui, dans le respect de notre liberté qui peut aussi le repousser éternellement.
 

Dans ce texte, quelles sont les conséquences de l’union à Dieu, de l’union à Jésus ? La libération de la honte, la libération de la peur. « Tu ne te souviendras plus de ton infamie » : l’union à Jésus est plus profonde que chacune de nos humiliations et chacune de nos souffrances. Il n’est jamais trop tard pour l’accueillir. Certains se disent « Le mal a fait trop de dégâts en moi,  ça ne vaut plus la peine que j’essaie de me rapprocher de Dieu ». Pourtant, c’est bien à eux, plus encore qu’à tout autre, que cette union est proposée, car Dieu seul peut nous donner une consolation et un bonheur qui soient plus forts que toutes nos blessures.

Au contraire même, plus nos humiliations auront été profondes, qu’elles soient dues à notre péché ou à la méchanceté humaine, plus nos blessures nous aurons défigurés, plus profonds seront cette union à Jésus et ce bonheur, si nous Lui ouvrons notre cœur effrayé.
 

Telle est donc l’Église, l’Épouse de Jésus : une assemblée de pécheurs blessés, qui lui résistent tout en le désirant. Chaque membre de l’Église est indissolublement lié au destin de chacun des autres. Ainsi, les bonnes actions des saints nous purifient tous et nous font bénéficier du vêtement de lin immaculé. Ainsi nous sommes tous solidaire dans ce combat pour accueillir le Salut de Jésus dans notre vie. L’Église, c’est chacun de ses membres.

Nous sommes tous solidaires dans le même combat. Les actes d’amour de chacun nous élèvent tous, les péchés de chacun nous ralentissent tous, sans pourtant pouvoir arrêter le cours de l’histoire du Salut.
Nous pouvons nous émerveiller devant l’amour inlassable de Jésus pour ceux qui lui résistent, ceux qui ont peur de lui, même si nous sommes tentés de détester ceux qui font le mal.
Nous pouvons nous émerveiller devant le bien que Dieu fait jaillir des saints plutôt que de les jalouser.
Nous pouvons remercier Jésus de ce que notre honte et notre douleur d’aujourd’hui sont destinées à être oubliées dans les flots de son amour : 
l’apprentissage de l’émerveillement est la meilleure attitude pour nous prédisposer à cette union.

Lire la deuxième partie : Un mariage qui libère de la peur de la lumière

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