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Sur le chapitre III de l’encyclique Redemptoris Missio.
 

Le couronnement de la Vierge, de Gentile da fabriano, photo SailkoC’est l’Esprit Saint qui doit continuer la mission salvifique de Jésus, à travers les hommes à qui elle a été confiée.
 

L’Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale. Il agit par les apôtres et en même temps il agit dans les auditeurs.
 

L’envoi des apôtres en mission aux extrémités de la terre est lié au don de l’Esprit qui les rend capables d’accomplir cette mission.
 

C’est le Seigneur qui agit en eux :

Jean est le seul à parler explicitement d’envoi — terme qui équivaut à « mission » — et il relie directement la mission que Jésus confie à ses disciples à celle qu’il a reçue du Père : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). Jésus, se tournant vers son Père, dit : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde » (Jn 17, 18). Toute la portée missionnaire de l’Évangile de Jean se trouve exprimée dans la « prière sacerdotale » : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jn 17, 3). Le but dernier de la mission est de faire participer à la communion qui existe entre le Père et le Fils: les disciples doivent vivre entre eux l’unité, demeurant dans le Père et le Fils, afin que le monde reconnaisse et croie (cf. Jn 17, 21-23). C’est là un texte missionnaire significatif ! Il fait comprendre qu’on est missionnaire avant tout par ce que l’on est, en tant que membre de l’Église qui vit profondément l’unité dans l’amour, avant de l’être par ce que l’on dit ou par ce que l’on fait.
 

Ainsi les quatre Évangiles attestent un pluralisme dans l’unité fondamentale de la même mission qui reflète des expériences et des situations différentes dans les premières communautés chrétiennes ; c’est le fruit du dynamisme communiqué par l’Esprit lui-même ; cela invite à être attentif aux divers charismes missionnaires, ainsi qu’aux diverses conditions humaines et aux différents milieux. Tous les évangélistes soulignent cependant que la mission des disciples est une coopération à celle du Christ : « Voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). C’est pourquoi la mission ne s’appuie pas sur les capacités humaines, mais sur la puissance du Ressuscité.

Comment agit l’Esprit ?
 

Miniature des Évangiles de Rabula,  vie siècle, représentant la Pentecôte (la descente de l'Esprit Saint sur la Vierge Marie et les apôtres)L’Esprit guide la mission et pousse les apôtres à aller toujours plus loin.
 

L’Esprit rend toute l’Église missionnaire.
 

L’Esprit prépare les hommes à accueillir le Christ :
 

– Même s’il se manifeste d’une manière particulière dans l’Église, l’Esprit œuvre dans le cœur de tout homme.
 

– Il donne à chacun la possibilité d’être associé au Mystère Pascal.
 

– Il pousse l’homme à s’interroger sur le sens de son existence.
 

– L’Esprit agit non seulement dans les individus mais aussi dans la société, l’histoire, les cultures… Il est à l’origine de tout bon désir et de toute bonne action.
 

– Il répand des “semences du Verbe” dans toute culture et les prépare à accueillir le Christ.
 

L’Esprit offre à l’homme « lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation » ; par l’Esprit, « l’homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine » ; et « nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au Mystère pascal »1. Dans tous les cas, l’Église sait que « l’homme, sans cesse sollicité par l’Esprit de Dieu, ne sera jamais tout à fait indifférent au problème religieux » et qu’il « voudra toujours connaître, ne serait-ce que confusément, la signification de sa vie, de ses activités et de sa mort »2. L’Esprit est donc à l’origine même de l’interrogation existentielle et religieuse de l’homme qui ne naît pas seulement de conditions contingentes mais aussi de la structure même de son être3.

L’Esprit Saint nous invite donc à élargir notre regard pour contempler son action présente en tout temps et en tout lieu. Cela entraîne, dans les relations de l’Église avec les autres religions, un double respect :
 

– Respect pour l’homme dans sa quête de réponses aux questions les plus profondes de sa vie.
 

– Respect pour l’action de l’Esprit en l’homme.
 

L’action missionnaire n’en est qu’à ses débuts
 

Notre époque, alors que l’humanité est en mouvement et en recherche, exige une impulsion nouvelle dans l’action missionnaire de l’Église. Les horizons et les possibilités de la mission s’étendent et, nous les chrétiens, nous sommes appelés au courage apostolique, fondé sur la confiance dans l’Esprit. C’est lui le protagoniste de la mission !

Dans l’histoire de l’humanité, de nombreux tournants marquants ont stimulé le dynamisme missionnaire, et l’Église, guidée par l’Esprit, y a toujours répondu avec générosité et prévoyance. Et les fruits n’ont pas manqué. […] Il est aujourd’hui demandé à tous les chrétiens, aux Églises particulières et à l’Église universelle le même courage que celui qui animait les missionnaires du passé, la même disponibilité à écouter la voix de l’Esprit.

Chapitre I : Jésus-Christ, l’unique sauveur
Chapitre suivant : Les horizons immenses de la mission ad gentes

 

1. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. past. sur I’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, nn. 10. 15. 22.

2. Ibid, n. 41.

3. Cf. Encycl. Dominum et vivificantem, n. 54: I c, pp. 875-876.

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