Bonjour j’aimerais savoir ce que signifie le passage « ce que vous lierez sur Terre sera lié au Ciel et tout ce que vous aurez délié sur Terre sera délié au Ciel » un prêtre m’avait aussi dit que le passage « ce que tu liera sur Terre sera lié au Ciel et ce que tu délieras sur Terre sera délié au Ciel » voulait aussi dire que les liens tissés sur Terre comme les relations parents-enfants , amicales ou conjugual perdurent au Ciel c’est exact ou pas ?
Filippo-modérateur
Dieu délègue son pouvoir éternel sur certains liens
Vous citez le verset 19 du chapitre 16 de l’Évangile selon saint Matthieu. Voici la citation exacte dans la Bible de Jérusalem :
« Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » Jésus s’adresse à Pierre, qui vient de confesser que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (verset 16). Jésus lui a répondu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (verset 18)
Ce passage est un tout. Ce pouvoir est lié au fait de construire l’Église. Tout comme Jésus a confié, dans d’autres passages, certains pouvoirs aux apôtres, il le fait ici pour des pouvoirs bien spécifiques.
L’Église catholique interprète ce verset avant tout comme la faculté, pour les évêques et leurs collaborateurs les prêtres, de délier les péchés. Cette faculté est plus clairement énoncée en Jean 20, 21-23 : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »
Le mot latin « absolvere » veut dire « délier ». La formule prononcée par le prêtre dans le sacrement de réconciliation est : « Ego te absolvo », ce qui au sens strict veut dire : « Je te délie ». On appelle d’ailleurs cette formule l’absolution.
C’est en effet les évêques et ceux qui sont associés à leur ministère, les prêtres, dans la continuité du ministère de Pierre et des apôtres, qui ont reçu ce pouvoir et eux seuls.
La Tradition interprète également ce verset comme la faculté donnée à Pierre de déclarer d’une manière sûre la Révélation reçue de Dieu. Par exemple, quand le Pape Pie XII proclame l’Assomption de Marie, il lie la foi des catholiques sur un point de doctrine précis. Ils ne sont plus libres de discuter pour savoir si Marie est montée corps et âme au ciel ou non. La proclamation des dogmes peut donc entrer dans cette catégorie des « liens » confiés par Dieu à Pierre.
Il n’est bien sûr pas interdit de chercher d’autres sens à cette parole de Jésus, l’Église n’a jamais fini de découvrir les trésors de sagesse et de grâce que recèle la Parole de Dieu.
Concernant votre question, qui dérive de la précédente, je ne vois pas comment relier ce verset à propos des relations parents-enfants et des relations amicales. En effet, elles ne sont liées à aucun pouvoir conféré à Pierre, il s’agit d’une autre question.
À propos de la relation conjugale, très spécifique, on doit retenir que ce n’est pas le prêtre qui confère le sacrement de mariage aux époux, ils se le confèrent l’un à l’autre, même si la présence d’un ministre ordonné est requise pour sa validité, selon le Canon 1108 – § 1 (Code de droit canonique de 1983) : « Seuls sont valides les mariages contractés devant l’Ordinaire du lieu (i.e. l’évêque) ou bien devant le curé, ou devant un prêtre ou un diacre délégué par l’un d’entre eux, qui assiste au mariage »
Donc, il ne s’agit pas d’un lien du type de ceux que visent Jésus quand il parle à Pierre.
Reste la question du maintien des liens terrestre dans l’éternité de Dieu. Pour les relations parents-enfants et les relations amicales, toute la Tradition de l’Église nous enseigne que la communion des saints, loin de cesser au Ciel, est au contraire portée à son achèvement. Toutes nos relations tissées sur la terre seront élevées et achevées à un point que nous ne pouvons pas imaginer.
Concernant la relation spécifiquement conjugale, Jésus a répondu en Luc 20, 27-38, suite au piège tendu par des Sadducéens, qui prennent l’exemple d’une femme ayant eu sept maris.
La réponse de Jésus est celle-ci : « Les fils de ce monde-ci prennent femme ou mari; mais ceux qui auront été jugés dignes d’avoir part à ce monde-là et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari; aussi bien ne peuvent-ils plus mourir, car ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. »
Le mariage est en ce monde le signe de l’union de Dieu avec l’humanité. Ce signe ne sera plus nécessaire au ciel, puisque cette union sera pleinement consommée.
Le Canon 1141 dit ceci : « Le mariage conclu et consommé ne peut être dissous par aucune puissance humaine ni par aucune cause, sauf par la mort. »
Si le lien très spécial contracté officiellement entre des époux est dissous par la mort, cela ne veut en aucun cas dire que leur amour est est amoindri ou supprimé sur la terre ou au Ciel. Cela veut tout simplement dire que le lien sacramentel et indissoluble du mariage est une réalité qui ne concerne que la vie terrestre et non la vie céleste.
J’espère que ces quelques éléments vous éclaireront, n’hésitez pas à faire des remarques ou poser des questions pour aller plus loin et ainsi alimenter la réflexion des autres visiteurs.