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Mon amie thaïlandaise Monthita m’a donné l’autorisation de publier le témoignage de sa conversion.

Monthita, Thaïlandaise devenue catholique

Monthita était une bouddhiste fervente (ce qui est rare chez les jeunes Thaïs, les Thaïs ne s’intéressent généralement à la religion que lorsqu’ils sont plus âgés). Dès son enfance, dans un village de l’est de la Thaïlande, Monthita avait été frappée par la présentation de la religion chrétienne qu’on lui avait donnée succinctement à l’école, et elle s’était dit que c’était la meilleure religion. Par la suite, elle n’y a plus pensé, étant dans une famille bouddhiste.

Changer de religion n’est pas un acte anodin pour un Thaïlandais. Les Thaïs apprécient la religion chrétienne, ils respectent le Dieu des chrétiens, la Vierge Marie et tous les saints, mais pour eux la religion bouddhiste est étroitement liée à leur identité nationale. Pour la plupart des Thaïs, cesser d’être bouddhiste c’est comme cesser d’être thaï. Ainsi, j’ai eu une amie à Pattaya qui avait été très touchée par Jésus, mais elle a renoncé à regret à devenir chrétienne, pour ne pas perdre son identité.

Non seulement les conversions sont très rares en Thaïlande, mais même chez les chrétiens, il est très rare de trouver une relation à Jésus aussi vivante que celle de Monthita. Pour les chrétiens thaïs, Dieu est plutôt un Dieu distant, plus un roi qu’un père, encore moins un bien-aimé. L’amour pour les pauvres témoigné par Monthita reste aussi assez rare dans l’Église de Thaïlande. On dirait que Jésus s’est choisi cette jeune femme au grand cœur pour témoigner de sa tendresse, dans ce pays qui le connaît si peu.

Le témoignage que vous allez lire a été écrit par Monthita au début de l’année de formation qu’elle a reçue en France avec la communauté de l’Emmanuel en 2008-2009. J’ai été obligée d’en couper de nombreux passages, car le texte était trop long. Aujourd’hui, Monthita vit de nouveau en Thaïlande. Elle s’est engagée dans la communauté de l’Emmanuel, mais elle en est la seule membre en Thaïlande. Elle rêve de pouvoir participer un jour à la fondation de la communauté dans son pays. Elle rêve aussi de fonder une famille, d’épouser un homme catholique fervent qui veuille servir Dieu et les plus pauvres avec elle.

Témoignage de Monthita

Bonjour, je m’appelle Monthita, je suis thaïlandaise, je suis née dans une famille bouddhiste très pratiquante. Je suis devenue Catholique grâce à une famille chrétienne française très croyante qui m’avait raconté l’histoire de Paray-le-Monial. Très touchée par cette histoire, je me suis dit que je voudrais y aller un jour. Paray-le- Monial est l’endroit où Jésus était apparu à sainte Marguerite-Marie. Ce jour là, j’avais mal entendu, j’avais compris que c’était l’endroit où Jésus était apparu à Marie, sa Maman.
À partir de ce moment-là, je priais pour pouvoir y aller un jour. Quelque mois après, je suis venue en France apprendre la langue française, en tant que jeune fille au pair. En juillet 2004, je me suis inscrite à une session d’été animée par la communauté de l’Emmanuel.

J’avais très envie d’y aller, sans comprendre pourquoi. Je voulais aller prier avec des chrétiens, car j’étais alors une bouddhiste très pratiquante. Je priais Jésus, Marie, Joseph et sainte Thérèse que j’aime beaucoup.

Arrivée à Paray, on me montre l’hôtel où je suis logée : c’est le foyer du Sacré-Cœur, qui est juste en face de la chapelle de la Visitation où ont eu lieu les apparitions du Cœur de Jésus. J’étais très contente d’être hébergée dans cet hôtel, je me sentais toute proche de Jésus. On aurait dit que j’étais tombée amoureuse de lui. En une semaine à Paray, les choses pour lesquelles j’avais prié sont toutes arrivées. J’ai rencontré des personnes parlant très bien anglais, qui m’ont fait les traductions pendant les sessions et aussi des personnes qui parlent thaï parfaitement ; tous les matins, je me suis levée tôt, avant mon petit déjeuner, j’allais d’abord prier dans la chapelle pour dire bonjour à Jésus. Et tous les soirs, je restais dans la chapelle jusqu’à minuit ou parfois 1 h du matin. J’étais vraiment heureuse de pouvoir prier et rester dans la chapelle, j’aimais la prière.

J’ai fait une expérience bouleversante de la présence du Christ. Je voulais rester à Paray et devenir religieuse ! J’ai téléphoné à ma mère pour lui dire, mais elle ne comprenait pas mon chemin de conversion, aussi, j’ai abandonné l’idée, mais je continuais à prier, j’allais à la messe presque tous les jours, car là, je me sentais bien, comme si quelqu’un parlait avec moi quand je priais et qui m’aimait profondément.

Le 15 avril 2006, le jour de Pâques, j’ai reçu le baptême, c’était un jour merveilleux, Alléluia ! Je devenais chrétienne, j’étais dans une grande joie, je voulais donner ma vie à Jésus, et dire aux autres comme est bon notre Seigneur. Mon prénom de mon Baptême c’est Marguerite-Marie.

Le 10 août 2006, j’ai dû retourner en Thaïlande. J’ai commencé à travailler dans une crèche francophone, en tant que responsable de crèche, et assistante des ateliers d’arts plastiques à l’Alliance française. Les week-ends où j’avais le temps, j’allais visiter les enfants dans les bidonvilles où mes amies étaient bénévoles avec l’association Points-Cœur, on priait avec les enfants et on jouait avec eux. À chaque fois que j’étais avec eux, ils étaient très contents et heureux, je me disais que la joie était permise par l’Esprit Saint et que j’étais sa servante. Toujours dans mon cœur, je voulais retourner à Paray et connaître Lourdes. Je priais tous les jours à cette intention, et quand ma marraine française m’a proposé de venir me former à Paray-le-Monial, à l’École internationale d’évangélisation tenue par la Communauté de l’Emmanuel, j’ai tout de suite été tentée. J’ai aussi dit à ma sœur que je voulais aller en France pour étudier la vie de Jésus et la Bible. Elle n’était pas contente et me demanda : « Est-ce que c’est important de faire ça ? » Je lui ai répondu : « Oui, pour moi c’est très important, c’est ma vie ». Elle n’a pas compris ce que je voulais dire. Avant d’envoyer mon CV et ma lettre de motivation, j’ai beaucoup prié, à ce moment là, je réfléchissais sur mon travail, ma famille, etc.

J’attendais ensuite la lettre de l’école pour pouvoir demander un visa à l’ambassade, mais c’était un peu long, il fallait 18 jours. Le 11 septembre 2009, je suis allée au service des visas pour déposer ma demande, et je devais retourner pour la réponse le 18 septembre 2009.

Tout le temps où j’attendais de la réponse pour mon visa, c’était un moment très dur pour moi, car mes amis à mon travail ne sont pas d’accord avec ce que je voulais faire. Ils essayaient toutes sortes de choses pour m’arrêter. Je leur ai dit que je ne pouvais rien changer car ce n’était pas moi qui avais choisi, mais c’était Dieu, et je ne pouvais pas rester sans faire rien. Quand j’ai dit ça, ils ne comprenaient rien et m’ont traitée de folle. Tous les jours de cette semaine, ils ont vraiment essayé de me décourager, ils m’ont même dit que j’étais trop naïve, et que ce que je voulais faire ce n’était pas bien.

Dimanche 19 septembre, j’ai fait mon témoignage à la paroisse francophone, ce jours-là, et le Seigneur a encore fait un miracle, car les gens m’ont payé le billet d’avion aller-retour open sur un an !

Je suis allée à l’école où je travaillais pour dire au revoir à mes amis, et comme ils n’étaient toujours pas d’accord avec mon désir, car ils ne voulaient pas que je devienne vraiment une religieuse, ils me disaient : « Pourquoi tu vas nous quitter alors que c’est toi qui voulais créer cette école et c’était ton idée, tu vas laisser les enfants, et tu vas te cacher derrière des murs (car pour eux, les sœurs ne restent que dans l’Église et ne peuvent pas aller aider les gens dehors dans la rue), tu ne pourras pas aider les enfants comme tu le fais maintenant. » Je les laissais juste parler mais je n’écoutais pas, car Dieu était vraiment présent en moi. Ce soir-là, avant mon départ, il pleuvait très fort et là j’ai reçu un mail d’une amie de l’école qui disait : « Monthita, le ciel de Bangkok pleure ton départ et nous aussi. »

À mon arrivée à Paray, je me suis dit : « Amen Seigneur, tu m’as vraiment emmenée jusqu’ici, tu sais tout ce que je veux. » Le 26, on repart pour Lourdes, ça m’a beaucoup touché car j’avais prié pour y aller un jour et j’y allais ce jour-là, mon souhait est devenu réalité.

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