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Une fois de plus, le pape François réussit à attirer l’attention de tous les media !

Mardi dernier 1er septembre, notre pape a publié une lettre annonçant l’indulgence accordée à tous ceux qui feront certaines démarches, à l’occasion de l’année de la miséricorde qui sera ouverte le 8 décembre prochain.

L’indulgence consiste en la délivrance des conséquences du péché. Le sacrement de la confession permet d’être libéré de la culpabilité, de recevoir le pardon de Dieu, mais nous restons enchaînés par les conséquences de nos actes.

Quand nous percevons la puissance de la grâce qui nous transforme, nous faisons l’expérience de la force du péché qui nous conditionne. Malgré le pardon, notre vie est marquée par les contradictions qui sont la conséquence de nos péchés. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Épouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché.
(Pape François, Bulle d’indiction du Jubilé de la Miséricorde)

Les démarches pour obtenir l’indulgence consistent en particulier dans le passage d’une porte sainte (porte de cathédrale ou de sanctuaire), dans une démarche de pèlerinage et de conversion, dans le fait de se confesser et de participer à la messe, et de prier pour le pape et à ses intentions.

Mais l’Église tient à ce que personne ne soit écarté de cette indulgence. Le pape François annonce, comme l’Église a l’habitude de le faire, que les personnes malades ou trop âgées pourront recevoir l’indulgence par un acte de foi et d’espérance. Il propose par ailleurs aux détenus de considérer la porte de leur cellule comme une porte sainte, et de passer cette porte dans le même esprit de pèlerinage.

Mais cette lettre accordant l’indulgence est aussi l’occasion pour le pape François d’annoncer deux décisions très importantes, et qui font déjà beaucoup de bruit.
Miséricorde envers le péché d’avortement

L’avortement est considéré comme l’un des péchés les plus graves par l’Église catholique, car tout être humain a droit à la vie, dès sa conception. L’avortement consiste à tuer celui qui est le plus vulnérable de tous, car l’embryon n’a même pas un visage humain pour susciter la compassion de ceux qui décident de sa mort.

C’est pour aider à prendre conscience de cette gravité que l’Église catholique a décidé que tous ceux qui commettraient ou aideraient à commettre un avortement, seraient excommuniés par le fait même, sans qu’un jugement ou qu’une déclaration officielle ne soit nécessaire. C’est ce que l’on appelle une excommunication latae sententiae. Dans l’Église catholique, l’excommunication a toujours un but pédagogique. On espère que la personne excommuniée prendra conscience de la gravité de son acte et entreprendra une démarche de réconciliation avec l’Église.
Cette réconciliation des personnes excommuniées se fait au travers d’une confession, mais tous les prêtres n’ont pas le droit de donner l’absolution à une personne excommuniée. Ce sont les évêques qui ont le droit de lever l’excommunication, ainsi que tous les prêtres à qui un évêque donne ce pouvoir. Concrètement, en France, presque tous les prêtres ont reçu ce pouvoir de leur évêque.

François a donc décidé qu’à l’occasion de cette année jubilaire, tous les prêtres sans exception auraient le pouvoir de donner l’absolution qui lève l’excommunication des femmes ayant avorté, et de tous ceux qui en sont responsables. Le pape insiste sur le sérieux de ce péché d’avortement, qui est « un mal très grave » et « profondément injuste ». Il insiste pour que les prêtres qui recevront les personnes ayant participé à cet acte aident ces personnes à prendre conscience du péché qu’elles ont commis, car la mentalité contemporaine n’a plus conscience de la valeur de la vie.

Par cette décision, le pape François aide les personnes ayant participé à un avortement à accueillir le pardon, et il permet aussi que la vision de l’Église sur la question soit mieux connue.
Miséricorde envers les membres de la Fraternité Saint Pie X

La Fraternité Saint Pie X a été fondée par Mgr Lefèbvre en 1970, et elle est devenue schismatique en 1988 lorsque Mgr Lefèbvre a ordonné 4 évêques sans l’accord du pape Jean-Paul II. Les membres de la Fraternité Saint Pie X, souvent désignés comme « les intégristes » se considèrent comme catholiques traditionalistes, et ils accusent l’Église catholique romaine de s’être écartée, en particulier à partir du concile Vatican II, de certains points fondamentaux de la tradition catholique.

Le pape Benoît XVI a fait de nombreux efforts pour essayer de parvenir à une réconciliation avec eux, mais les responsables de la fraternité n’ont pas accepté ses propositions. Après l’élection de François, Mgr Fellay a fait un certain nombre de déclarations manifestant son hostilité envers ce pape.

Dans cette lettre du 1er septembre, le pape François fait un grand geste de communion envers les prêtres de la Fraternité saint Pie X : il autorise tous les fidèles catholiques à se confesser à eux. L’Église catholique reconnaît les prêtres de la Fraternité saint Pie X comme de vrais prêtres. Les sacrements qu’ils donnent sont valides, mais pas licites : jusqu’à présent, un catholique qui se confesse à un prêtre de la Fraternité reçoit bien l’absolution, mais il commet un acte de désobéissance envers l’Église. Ce ne sera plus le cas pendant toute l’année de la miséricorde.

Les responsables de la Fraternité Saint Pie X ont réagi avec reconnaissance à cette décision du pape François, dans un communiqué du 1er septembre :

[…] La Fraternité Saint-Pie X exprime sa reconnaissance au Souverain Pontife pour ce geste paternel. Dans le ministère du sacrement de pénitence, elle s’est toujours appuyée, en toute certitude, sur la juridiction extraordinaire que confèrent les Normae generales du Code de droit canonique.

[…] Lors de cette année de conversion, les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X auront à cœur d’exercer avec une générosité renouvelée leur ministère au confessionnal, suivant l’exemple de dévouement inlassable que le saint Curé d’Ars a donné à tous les prêtres.

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