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Le 7 décembre 1990, le pape Jean-Paul II écrivait l’une de ses plus belles encycliques : Redemptoris Missio, pour actualiser le commandement de Jésus à ses disciples : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples… Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20 ; cf. Mc 16, 15-18 ; Lc 24, 46-49 ; Jn 20, 21-23). Ce site Internet n’a pas pour objectif de convaincre les internautes de toutes les nations de devenir chrétiens et de se faire baptiser. Toutefois, ses créateurs croient fermement, même si ce n’est pas trop « tendance », qu’il existe Une vérité.

Oui, nous croyons qu’une affirmation ne peut pas être à la fois vraie et fausse, que la vérité ne peut pas changer selon l’état d’esprit des personnes qui y réfléchissent, selon le lieu du monde où l’on se trouve. Dieu existe ou Dieu n’existe pas, c’est l’un ou l’autre. C’est Lui qui a créé les êtres humains ou ce n’est pas Lui, et ça ne dépend pas de la nationalité de ces êtres humains. La Lune tourne autour de la Terre ou la Terre autour de la Lune, c’est l’un ou l’autre, ça ne dépend pas de la culture, de la langue et de l’éducation des personnes qui regardent la Lune. Et la Lune continue d’être même quand personne ne la regarde, même quand personne ne pense à elle.

Dans son encyclique, § 8 et § 39, Jean-Paul II nous dit :

Il faut cependant dire, toujours avec le Concile, que, « en vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, tout d’abord celle qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité ». L’Église propose, elle n’impose rien : elle respecte les personnes et les cultures, et elle s’arrête devant l’autel de la conscience. À ceux qui s’opposent, sous les prétextes les plus variés, à son activité missionnaire, l’Église répète : Ouvrez les portes au Christ !

S’il y a une vérité, si la vérité n’est pas simplement mon monde intérieur, mais si la vérité sur l’homme, sur la vie, sur le monde est quelque chose de plus grand que nous, qu’un seul être humain ne peut pas contenir et découvrir en lui dans sa totalité, alors chacun de nous, au moins pour une part, nous trompons sur ce que nous croyons être la vérité. Jean-Paul II affirme qu’il relève de la dignité même de l’être humain de chercher à connaître la vérité, de ne pas se contenter de toutes les idées qui l’habitent mais de chercher à purifier ses opinions en les confrontant au réel. L’Église catholique existe pour transmettre la révélation donnée par Jésus. Ce n’est pas une menace, une agression, c’est la proposition d’un chemin. Certains membres de l’Église sont ou ont été agressifs, dominateurs : l’Église n’est pas une communauté de parfaits, mais d’être humains qui cheminent. Mais l’Église n’a pas été fondée pour forcer, ou pour mépriser ceux qui n’en font pas partie : l’Église existe pour proposer un trésor. Ce trésor n’est pas dangereux, l’approcher ne conduit personne à renier son identité profonde.
Le jour de son élection, Jean-Paul II disait : « Frères et sœurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir ! » ; « N’ayez pas peur ! Le Christ sait ‘‘ce qu’il y a dans l’homme’’ ! Et lui seul le sait ! ». Le jour de son élection, le pape Benoît XVI disait : « N’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. » Jésus Christ a dit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Mais ce n’est pas une vérité qui force, qui s’impose. À celui qui s’approche pour en savoir plus, Jésus ne fait que proposer une parole d’amour qui peut changer sa vie, il ne fait que rayonner de sa lumière. Si Jésus est la vérité, il n’est pas dangereux de s’approcher de lui, car il ne peut qu’éclairer ce que nous portons en nous, il ne peut que nous donner les éléments dont nous avons besoin pour découvrir le réel, il ne peut pas nous aveugler. C’est une proposition de bonheur, ce n’est pas une condamnation ni une absorption.
Plus loin dans son encyclique Redemptoris Missio, § 56, Jean-Paul II écrit au sujet du dialogue avec les personnes d’autres religions :

Le dialogue n’est pas la conséquence d’une stratégie ou d’un intérêt, mais c’est une activité qui a ses motivations, ses exigences et sa dignité propres : il est demandé par le profond respect qu’on doit avoir envers tout ce que l’Esprit, qui « souffle où il veut », a opéré en l’homme. Grâce au dialogue, l’Église entend découvrir les « semences du Verbe », les « rayons de la vérité qui illumine tous les hommes », semences et rayons qui se trouvent dans les personnes et dans les traditions religieuses de l’humanité. Le dialogue est fondé sur l’espérance et la charité, et il portera des fruits dans l’Esprit. Les autres religions constituent un défi positif pour l’Église d’aujourd’hui ; en effet, elles l’incitent à découvrir et à reconnaître les signes de la présence du Christ et de l’action de l’Esprit, et aussi à approfondir son identité et à témoigner de l’intégrité de la Révélation dont elle est dépositaire pour le bien de tous. On voit par là quel esprit doit animer ce dialogue dans le contexte de la mission. L’interlocuteur doit être cohérent avec ses traditions et ses convictions religieuses et ouvert à celles de l’autre pour les comprendre, sans dissimulation ni fermeture, mais dans la vérité, l’humilité, la loyauté, en sachant bien que le dialogue peut être une source d’enrichissement pour chacun. Il ne doit y avoir ni capitulation, ni irénisme, mais témoignage réciproque en vue d’un progrès des uns et des autres sur le chemin de la recherche et de l’expérience religieuses et aussi en vue de surmonter les préjugés, l’intolérance et les malentendus. Le dialogue tend à la purification et à la conversion intérieure qui, si elles se font dans la docilité à l’Esprit, seront spirituellement fructueuses.

L’Église catholique affirme être dépositaire de la révélation donnée par Jésus, mais, même elle, sait qu’elle n’a pas encore compris la vérité tout entière. Jésus a promis à ses disciples : « l’Esprit de vérité, quand il viendra, il vous introduira, lui, dans la vérité tout entière. » (Jn 16,13). Mais cette vérité, nous la recevons aussi de la confrontation au réel et aux membres des autres religions. Comme le dit Jean-Paul II ci-dessus, il serait hypocrite de la part des chrétiens de discuter avec les non-chrétiens en faisant semblant de ne pas penser que Jésus est la Vérité, et que ceux qui n’ont pas Jésus manquent de l’essentiel. Mais cette rencontre ne doit pas être un bras de fer non plus. C’est la rencontre entre des personnes réelles (et, je le crois, créées par Dieu), ayant chacune une expérience de la vie réelle, ayant chacune une certaine expérience de la vérité. Dieu veut le bien des hommes, Dieu aime que les hommes se rencontrent et se respectent, et Dieu veut nous nourrir les uns à travers les autres.
Alors non, je ne suis pas relativiste et je ne crois pas que chacun porte une vérité de la même valeur que chaque autre. La vérité, c’est le réel et le réel nous préexiste, même s’il se révèle aussi à travers chacune de nos vies.
Ce site veut donc être une invitation à la rencontre et à une meilleure compréhension mutuelle, et ses créateurs espèrent partager une partie du trésor que porte l’Église, aussi bien aux catholiques qui voudraient l’approfondir, qu’aux non-catholiques qui voudraient découvrir ce que nous portons et qui nous sommes vraiment, et ainsi nous aider aussi à mieux nous connaître nous-mêmes.