C’est une très belle chose de notre époque que d’autoriser socialement l’amitié et le travail commun entre hommes et femmes.

Les amitiés et la collaboration homme-femme, quand elles sont saines, sont équilibrantes et source de beaucoup de joie. En apprenant à aimer — d’amitié — celui/celle qui est différent(e) de moi, que Dieu a créé comme complémentaire pour moi, je participe à la réparation des conséquences du péché originel qui a abîmé la relation entre l’homme et la femme.

C’est aussi une très belle chose de notre époque que d’encourager le mariage d’amour et le libre choix de son conjoint.

Seulement voilà, ces deux progrès de notre civilisation se rencontrent et posent souvent bien des problèmes à ceux qui aspirent à fonder une famille…

Combien de célibataires aspirant au mariage ont vécu l’épreuve d’être secrètement amoureux d’un(e) grand(e) ami(e), ont parfois attendu des années dans l’espoir que l’autre fasse un premier pas ou donne un signe suffisamment clair ?

Comment interpréter les marques d’amitié ? Les mêmes gestes, les mêmes paroles peuvent, selon les personnes et selon l’humeur, avoir un sens totalement différent : affection amicale, tentative de rapprochement amoureux, déclaration indirecte…

Même si un jour on perçoit de l’attirance, voire un élan amoureux, dans le regard d’un(e) ami(e), cela n’est aucunement une preuve qu’il ou elle souhaite aller plus loin que l’amitié.

Certain(e)s ami(e)s peuvent même, inconsciemment, agir de manière à cultiver l’ambiguïté et à maintenir le sentiment amoureux qu’ils/elles pressentent chez l’autre et qui les flatte.
Il est un temps de la vie où un adulte se sent prêt à s’engager, et sent qu’il est temps de vraiment avancer, de prendre les moyens pour trouver le lieu de son engagement.

Puisqu’aujourd’hui notre mariage ne sera décidé ni par nos parents ni par un prince, et qu’il ne suffira pas qu’un beau jeune homme nous invite à dancer, ou qu’une belle jeune femme accepte, pour comprendre que quelque chose de plus profond que l’amitié peut être envisagé… Alors il est tout à fait rationnel et légitime de choisir de nouveaux moyens adaptés aux changements de société.

Quand j’étais inscrite sur le site de rencontre catholique grâce auquel j’ai rencontré mon mari, je fuyais à toutes jambes devant les hommes qui mettaient dans leur annonce : « Je cherche d’abord une amitié, et éventuellement, si la vie le veut, pourquoi pas autre chose… » Plus tard, celui qui est devenu mon mari m’a dit que lui aussi fuyait les femmes qui disaient dans leur annonce qu’elles cherchaient d’abord une amitié.

Il y a d’autres lieux que les sites de rencontres pour se faire des amis. Quand on a suffisamment d’expérience de la vie pour se dire qu’il faut enfin avancer, il est sage de renoncer à une éventuelle nouvelle amitié et de vraiment prendre les moyens de trouver la personne qui nous correspond vraiment.
L’une des principales différences entre un site de rencontre catholique et une rencontre due au « hasard », c’est que l’on sait tout de suite que la personne que l’on rencontre cherche à s’engager dans le mariage (ou, pour certain(e)s, au moins dans une relation à long terme), et que, si elle nous rencontre, c’est qu’elle peut imaginer que ce soit avec nous. Exclure tout de suite que la rencontre puisse aboutir à une amitié simplifie considérablement les choses, et empêche de retomber dans le piège de cette ambiguïté qui fait perdre tant de temps et d’énergie pour rien…