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Toutes les fois où je mentionne, dans notre revue de presse de bonnes nouvelles, des actes de paix et d’entraide posés par des musulmans envers des chrétiens, certains de mes contacts des réseaux sociaux me quittent ou se scandalisent, en me rappelant tous les crimes commis dans le monde par des musulmans envers des chrétiens. Aux yeux de certains catholiques, toute entente entre musulmans et chrétiens est satanique.
Pour ma part, je suis profondément bouleversée par la façon dont les non-musulmans sont traités dans beaucoup de pays musulmans. Ayant lu le Coran, je suis aussi sceptique quant au fait que ce soit une religion qui puisse apprendre à aimer. À mes yeux comme aux yeux de beaucoup de spécialistes, le Dieu des musulmans n’est pas le même Dieu que celui des chrétiens.
Pour autant, nous ne devons pas considérer les musulmans comme des hommes mauvais parce que musulmans. Ce sont des êtres humains créés par Dieu, aspirant à Dieu, et à qui Dieu se manifeste de toutes sortes de manières, comme à tout homme. Tous les derniers papes ont encouragé la recherche de paix et de dialogue avec l’islam. Dans l’encyclique Redemptoris Missio, Jean-Paul II précisait que c’était bien nous, chrétiens, qui devions toujours faire des pas en vue du dialogue, même si nous ne rencontrions aucune réponse favorable :
Sachant que pour beaucoup de missionnaires et de communautés chrétiennes la voie difficile et souvent incomprise du dialogue constitue l’unique manière de rendre un témoignage sincère au Christ et un service généreux à l’homme, je désire les encourager à persévérer avec foi et amour, là même où leurs efforts ne rencontrent ni attention ni réponse. Le dialogue est un chemin vers le Royaume et il donnera sûrement ses fruits, même si les temps et les moments sont réservés au Père (cf. Ac 1, 7).
En tant que chrétiens, nous devons donc nous réjouir de tout acte de paix, de toute collaboration pour le bien, entre chrétiens et musulmans. Accueillir les pas de tel ou tel musulman envers les chrétiens n’est pas une manière d’absoudre les actes de violence qui sont commis ailleurs par d’autres musulmans.
Si nous nous sentons humiliés d’accepter les actes fraternels de certains musulmans, d’être un moment leurs débiteurs, de peur qu’il soit oublié que tant de chrétiens sont des victimes d’autres musulmans, rappelons-nous que le Christ nous a appris à porter notre regard sur ce qui est beau en chaque chose et chaque être, à valoriser ce que chacun porte de bon. La recherche de la justice pour les membres de notre communauté est bonne et nécessaire, mais elle ne doit pas être prioritaire et encore moins nous pousser à réfréner notre amour envers les non-chrétiens.
L’Église existe dans le but de faire connaître le Christ à toute l’humanité. L’Église n’est pas là pour être le refuge de chrétiens se protégeant et se réchauffant les uns les autres sans prendre de risques. Jésus nous envoie vers ceux qui ne le connaissent pas, et Il nous prévient que nous en souffrirons.
Le vrai moyen de faire connaître Jésus c’est d’aimer ceux à qui nous voulons le faire découvrir. Si nous rencontrons un musulman, peut-être est-il mal intentionné envers les chrétiens, et peut-être que non. L’attitude enseignée par Jésus, qui a voulu prendre le risque d’aimer ceux qui l’ont torturé, n’est pas de partir du principe que la plupart des musulmans du monde sont antichrétiens. Elle est de voir en cet homme ou en cette femme une personne créée à l’image de Dieu, et de lui prouver par notre attitude que notre Dieu est un Dieu d’amour qu’il vaut la peine de suivre.
Jésus nous a enseigné qu’il valait mieux prendre le risque de souffrir plutôt que de prendre le risque de rater une occasion de témoigner de l’amour. Ce qui veut dire aussi accueillir avec gratitude et humilité les actes d’amours que des musulmans peuvent poser envers nous. Cela ne veut pas dire se laisser faire par ceux qui nous persécutent, et encore moins abandonner nos frères chrétiens persécutés.
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