Début 2010 aussi, j’avais été invitée à devenir membre d’un groupe de Facebook militant contre « le trafic sexuel des enfants ». Un grand nombre d’intervenants proposaient avant tout de « traquer » les pédophiles. La haine et la révolte sont-ils des moteurs pour changer le monde ? Au cours de la soirée au Grand Rex avec M. Yunus, la révolte n’a cessée d’être présentée comme un sentiment vertueux et efficace. La révolte contre les pédophiles est aussi largement perçue comme un sentiment vertueux, « traquer » et juger les pédophiles est si important que l’on préfère y consacrer les moyens et l’énergie qui pourraient être utilisés pour panser les plaies des enfants et aider leurs familles à changer de situation. Dans les échanges sur Internet, il est même considéré comme suspect et scandaleux de ne pas ressentir de haine et de proposer d’aider les « touristes sexuels » pédophiles à ne plus vivre dans un environnement qui excite en permanence leurs pulsions, avec l’omniprésence de la pornographie, jusqu’à l’organisation de salons « du X » ou « de l’érotisme » sponsorisés par les municipalités…

Je ne dis pas qu’il ne faut pas que la justice accomplisse sa mission en punissant les coupables et protégeant les innocents, bien au contraire, mais la vengeance qui prend la punition comme une fin en soi, n’est qu’une perte de temps, et donc une façon d’abandonner les innocents.

Retour au dossier « Révolte ou vulnérabilité »