En France, comme dans la plupart des pays occidentaux — à part peut-être la Pologne, l’Irlande et quelques pays d’Amérique latine — nous ne sommes plus dans un pays catholique.
Il en résulte que des croyants se retrouvent de plus en plus souvent dans des situations en opposition avec ce que demande Jésus dans l’Évangile, ou avec les enseignements de l’Église.

On peut considérer comme chanceux le croyant qui ne s’est jamais trouvé face à un problème de conscience où il doit choisir entre l’amour, ou le travail, ou les bonnes relations avec sa famille, et la fidélité envers l’Église et envers Jésus. Que celui-là réfléchisse bien avant de regarder de haut un autre catholique qu’il voit faire des compromissions.

Sainte Thérèse de Lisieux avait une très forte conscience du fait que sa propre fidélité était due en grande partie aux prévenances de Dieu dans sa vie :

Je le sais : « Celui à qui on remet moins, AIME moins. » (Lc 7,40-47) mais je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à Sainte Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber. Ah ! que je voudrais pouvoir expliquer ce que je sens !… Voici un exemple qui traduira un peu ma pensée. Je suppose que le fils d’un habile docteur rencontre sur son chemin une pierre qui le fasse tomber et que dans cette chute il se casse un membre ; aussitôt son père vient à lui, le relève avec amour, soigne ses blessures, employant à cela toutes les ressources de son art et bientôt son fils complètement guéri lui témoigne sa reconnaissance. Sans doute cet enfant a bien raison d’aimer son père ! Mais je vais encore faire une autre supposition. Le père ayant su que sur la route de son fils se trouvait une pierre, s’empresse d’aller devant lui et la retire, sans être vu de personne. Certainement, ce fils objet de sa prévoyante tendresse, ne SACHANT pas le malheur dont il est délivré par son père ne lui témoignera pas sa reconnaissance et l’aimera moins que s’il eût été guéri par lui… mais s’il vient à connaître le danger auquel il vient d’échapper, ne l’aimera-t-il pas davantage ? (Manuscrits autobiographiques de Thérèse de Lisieux, Manuscrit A).

En vivant dans une société non-chrétienne, le croyant peut se retrouver tout naturellement confronté à toutes sortes de cas de consciences.

De même qu’au Cameroun on voit des chefs de villages polygames, qui se sont convertis, assister à la messe sans pouvoir être baptisés —pouvant difficilement renoncer à leurs épouses qui, « répudiées », se retrouveraient totalement exclues de la société — de même aujourd’hui en Occident, les personnes qui découvrent le Christ peuvent être dès le départ dans des situations en opposition avec les exigences de la vie chrétienne.

Imaginons une femme mariée à un catholique divorcé, avec qui elle a conçu des enfants, qui découvre le Christ et découvre en même temps que son mariage ne pourra jamais être reconnu par l’Église, et qu’il lui est demandé de faire chambre à part avec son époux, qui lui n’a pas forcément la foi… Quel héroïsme est nécessaire pour conformer sa vie aux exigences de l’Évangile pour cette personne ! Combien moins difficile est la fidélité (dans le domaine des mœurs) pour un catholique qui n’a jamais été confronté à ce genre de dilemmes…

De plus, le catholique déjà pratiquant, vivant en milieu non chrétien, est assailli par des tentations de plus en plus plus nombreuses : histoire d’amour avec une personne divorcée ; avec une personne refusant de vivre la chasteté jusqu’au mariage ou voulant cohabiter sans se marier ; tentation de la contraception ; tentation d’accepter ou de garder un travail où des actes immoraux sont exigés…

Que faire, pour un catholique qui se retrouve dans une telle situation — peu importe la part de culpabilité ou d’erreur qui a pu entrer en jeu pour s’y trouver ?

Mon mode de vie est incompatible avec les exigences de l’Évangile : est-ce que je dois renoncer à Dieu ? Est-ce que je dois choisir entre nier l’existence de Dieu et renoncer à ce mode de vie auquel je tiens ? Est-ce que je ferais mieux de me tourner vers une religion plus tolérante ? Est-ce que j’ai encore le droit d’entrer dans une église ou de prier ?

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