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Que se passe-t-il si je ne veux pas choisir ?

Dans l’Évangile, les paroles de Jésus sont vraiment radicales :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14, 26-27)

« Si ta main ou ton pied t’entraîne au péché, coupe-le et jette-le loin de toi. Il vaut mieux pour toi entrer dans la vie éternelle manchot ou boiteux, que d’être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel.
Et si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le et jette-le loin de toi. Il vaut mieux pour toi entrer borgne dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu. » (Mt 18, 8-9)

Est-ce que ça veut dire que si, par exemple, je suis divorcé d’un premier mariage reconnu comme valide, et remarié avec quelqu’un que j’aime et qui m’aime, si je ne veux pas envisager de me séparer de mon conjoint actuel (ou de vivre avec lui en faisant chambre à part, si nous avons des enfants), alors je n’ai plus qu’à oublier Jésus et l’Église ?

Ou bien si je vis en couple avec un(e) non-croyant(e) qui ne se sent pas prêt(e) à se marier, et que je suis trop attaché(e) à lui/elle pour pouvoir accepter une séparation, alors ça n’a plus aucun sens d’entrer dans une église et de m’adresser à Jésus, puisque je n’ai pas l’intention de lui obéir ?

Il semble que ce ne soit pas ainsi que l’Église catholique interprète ces paroles de Jésus.

Le bienheureux Jean-Paul II écrivait en 1981 :

L’expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s’agit là d’un fléau qui, comme les autres, s’attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d’urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. Les Pères du Synode l’ont expressément étudié. L’Église, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui — déjà unis dans les liens du sacrement de mariage — ont voulu passer à d’autres noces. Elle doit donc s’efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.

[…] Avec le Synode, j’exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu’ils ne se sentent pas séparés de l’Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l’Église prie pour eux, qu’elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu’ainsi elle les maintienne dans la foi et l’espérance !
L’Église, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l’Écriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d’y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Eglise, telle qu’elle s’exprime et est rendue présente dans l’Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier : si l’on admettait ces personnes à l’Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l’Église concernant l’indissolubilité du mariage. (Exhortation apostolique Familiaris consortio, sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, 1981, §84)

Ce qui veut dire que, même dans une situation en opposition avec la volonté de Jésus, la relation avec Lui n’est pas forcément détruite, quand bien même je n’aurais aucune intention de changer cette situation.

S’il y a coupure totale avec Jésus ou avec l’Église, c’est que je l’aurai décidé moi-même.
Par contre, il ne faut pas que j’attende de l’autorité de l’Église qu’elle décide de considérer comme juste quelque chose dont Jésus a dit lui-même que c’était un péché.
Finalement, la vertu indispensable pour ne pas me couper de Jésus, dans ce genre de situation où mon style de vie est en opposition avec Sa Parole, ce n’est pas d’abord la force, la force de changer tout ce qui ne va pas, c’est l’humilité.

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3 commentaires

  1. Pardon

    ”Que se passe-t-il si je ne veux pas choisir ?”

    ”Que se passe-t-il si je ne veux pas choisir ?”

    Cat  a écrit : Est-ce que ça veut dire que si, par exemple, je suis divorcé d’un premier mariage reconnu comme valide, et remarié avec quelqu’un que j’aime et qui m’aime, si je ne veux pas envisager de me séparer de mon conjoint actuel (ou de vivre avec lui en faisant chambre à part, si nous avons des enfants), alors je n’ai plus qu’à oublier Jésus et l’Église ?

    Ou bien si je vis en couple avec un(e) non-croyant(e) qui ne se sent pas prêt(e) à se marier, et que je suis trop attaché(e) à lui/elle pour pouvoir accepter une séparation, alors ça n’a plus aucun sens d’entrer dans une église et de m’adresser à Jésus, puisque je n’ai pas l’intention de lui obéir ?Il semble que ce ne soit pas ainsi que l’Église catholique interprète ces paroles de Jésus.

    Pardon répond :Pour moi, Il n’y pas de différence avec la citation biblique qui dit :« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14, 26-27)<>et l’autre citation de Saint-Matthieu qui dit : « Si ta main ou ton pied t’entraîne au péché, coupe-le et jette-le loin de toi. Il vaut mieux pour toi entrer dans la vie éternelle manchot ou boiteux, que d’être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel.Et si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le et jette-le loin de toi. Il vaut mieux pour toi entrer borgne dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu. » (Mt 18, 8-9)

    Pardon explique : Quand Jésus dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère…”, etc., c’est qu’il veut nous faire comprendre qu’il faut Le choisir Lui le premier avant tout autre choix. Si non notre choix sans Lui ne sera pas un choix éclairé. Si je choisis Jésus avant de me marier, Il me préparera intérieurement pour me permettre de faire un choix où Il me donnera la grâce d’aller jusqu’au bout du chemin, car au bout du chemin brille la Lumière de Celui qui nous a appelés par vocation.

    Cette vocation devient une mission à vie jusqu’au moment où Jésus viendra nous chercher à son heure à Lui. Ces deux Paroles de Dieu ne s’adressent pas seulement aux personnes qui font le choix du mariage. Mais la Parole de Dieu “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père”>>> etc…, s’adresse aussi à tous les autres choix vocationnels comme ceux des prêtres, des religieux(es) et des diacres, etc. Dieu n’oblige personne à se marier, Dieu n’oblige aucunement un homme à devenir prêtre, comme Il n’oblige personne à devenir religieux(se). Pour qu’il y ait une vocation dans l’une des trois options, il faut qu’il y ait un appel de Celui qui appelle de l’intérieure.

    La radicalité de Jésus  quant Il dit : “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère…”, etc., cette radicalité n’exclut pas son Amour compassion qui nous invite par la voix de Son Église, à nous convertir en proclamant la Bonne Nouvelle de l’Évangile comme  le mentionne merveilleusement  le message du bienheureux Jean-Paul II.

    Le Christ nous redit Sa Parole à travers les successeurs de Pierre. L’Évangile du Christ proclamé par l’Église, c’est toujours une Bonne Nouvelle qui s’annonce librement. Autant l’annonce est libre autant ceux et celles qui l’entendent sont libres de répondre ou non. La Bonne Nouvelle doit être annoncée dans un amour de compassion ; dans un esprit de liberté ; mais personne n’a le droit de modifier le message de Cette Bonne Nouvelle en échange d’une idéologie moderniste pour répondre aux caprices de tous et chacun.  En toute amitié Michel

  2. Cat-modératrice

    Merci pour votre commentaire

    Merci pour votre commentaire Michel.

    Est-ce que ça veut dire que vous êtes en désaccord avec la citation de Jean-Paul II, et avec l’attitude de l’Église envers les divorcés-remariés ?

    Bien sûr que Jésus souhaite qu’on le préfère à tout. Mais en devenir capable demande parfois un long chemin. Jésus n'”éteint pas la mèche qui faiblit”, Il accueille chacun là où il en est sur le chemin.

    Si les pécheurs arrêtent de prier parce qu’on leur dit qu’ils n’en sont pas digne, ils ne trouveront jamais la force ni le désir de quitter leur péché. Jésus ne rejette personne, même s’Il nous invite à renoncer à tout ce qui nous sépare de Lui, pour notre bonheur.

    Quand sainte Thérèse d’Avila était déjà carmélite, mais pas encore convertie, elle avait tellement honte de la vie qu’elle menait qu’elle préférait ne pas prier. Pourtant, plus tard, elle dit elle-même que c’était une grande erreur de renoncer à la prière à cause de son péché, car c’est la prière, la relation avec Jésus, qui peut nous aider à nous en sortir. Dire cela n’est pas justifier le péché.

  3. Marielle

    l’humilité avant tout

    Merci Catherine pour cet article très bien fait et très éclairant.

    Merci pour l’exemple de Ste Thérèse très éclairant aussi…

    Marielle

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