Site pour mieux connaître Dieu et l'Église catholique

Être libérées de la « misère sexuelle », un droit fondamental des personnes handicapées ?

Temps de lecture estimé : 4 min

Mariage d'un homme en fauteuil roulant avec une femme valide

Profitant de l’occasion suscitée par la sortie en France du film américain The Sessions, qui relate « l’histoire vraie du poète et journaliste Mark O’Brien. Victime d’une attaque de polio dans l’enfance, il passe la majeure partie de son temps allongé dans un poumon d’acier. Sa rencontre avec une assistante sexuelle va lui permettre d’aimer “comme tout le monde”. » (source : Wikipédia), le Conseil Général de l’Essonne envisage d’expérimenter l’utilisation d’« assistants d’éveil à la sexualité ».

Si l’« éveil à la sexualité » est un droit, cela suppose que quelqu’un a le devoir de se charger de cet éveil. Actuellement, selon la loi française, qui pourrait être changée, le fait qu’une personne soit payée pour fournir un « service sexuel » s’appelle de la prostitution, et la personne qui la paie s’appelle un proxénète.

Le président du conseil général, Jérôme Guedj (PS), récuse cette assimilation de l’« assistance sexuelle » à la prostitution. Interviewé par le magazine Faire Facew, Jérôme Guedj déclare :

Je suis prêt à tester des solutions et aucune d’entre elles ne me placera bien évidemment en position de proxénète puisque nous rejetons toute forme de recours à la prostitution. Je veillerai à ce que la ou les solutions testées ne prévoient pas d’achat direct par la personne en situation de handicap elle-même, la relation tarifée constituant pour moi un des aspects du rapport de domination.
Si nous mettons en place un service, c’est le service qui répondra et non une personne physique. C’est le service qui définira avec la personne lourdement handicapée ce qu’elle souhaite et ce dont elle a besoin, qui formera et qui accompagnera les professionnels qui seront amenés à y répondre.

Le conseil général « rejette toute forme de recours à la prostitution », nous voilà rassurés. Quel pouvoir des mots ! Il suffit donc que des personnes payées pour des attouchements sexuels soient appelées « assistant(e)s » et qu’elles soient payées par les pouvoirs publics pour qu’elles échappent au sombre métier de prostitué(e). De même qu’il y a deux ans, le Pôle Emploi avait exigé d’une femme de 50 ans de se justifier de son refus de postuler à une offre d’emploi de strip-teaseuse, des jeunes filles risquent bientôt d’être acculées à accepter ce métier plutôt que de se retrouver totalement sans ressources. Personne ne sera obligé d’accepter ce genre d’emploi, mais la grande pauvreté peut pousser à accepter ce qui fait horreur, surtout quand on a charge de famille.

Certaines personnes trouvent que la prostitution, quand elle n’est pas pratiquée sous la contrainte, n’est en rien une atteinte à la dignité des prostituées ni des clients.
C’est un point de vue que je ne partage pas, mais j’aimerais que les personnes qui militent pour l’« assistance sexuelle » assument leur point de vue jusqu’au bout, et reconnaissent qu’il s’agit de prostitution. Libre à eux de militer pour la reconnaissance de la dignité du métier de prostitué(e).

Du côté des personnes handicapées, leur fournir une assistance sexuelle, est-ce répondre à un de leurs droits ? Depuis un certain nombre d’années, on entend de plus en plus l’expression « misère sexuelle », comme si les relations sexuelles étaient un besoin fondamental comme la nourriture, le chauffage…
La sexualité est une dimension fondamentale de la personne, mais la seule manière de s’épanouir en tant qu’homme et en tant que femme est-elle d’avoir accès à des relations sexuelles aussi régulières que les repas ?

Les religieux fidèles à leurs vœux sont-ils tous secrètement et profondément frustrés et malheureux ? Certains sont persuadés que oui, je ne suis pas sûre que ce soient ceux qui ont le plus d’amis parmi les prêtres et les consacrés. Il est certain qu’une vie spirituelle profonde aide à vivre la chasteté.

Philippe de la Chapelle, directeur de l’Office Chrétien des Handicapée, explique très bien en quoi l’assistance sexuelle n’est pas la réponse à un droit, mais une atteinte à la dignité des personnes handicapées (Cf. Les personnes handicapées ont-elles besoin d’assistants sexuels ? sur ce site).

Pourtant, je pense qu’effectivement il y a une misère sexuelle dans notre société. Cette misère vient de la constante provocation des sens par toutes les images et les textes qui nous environnent, auxquels il est impossible d’échapper. Elle vient de l’exacerbation de la frustration provoquée par des discours qui poussent sans cesse à chercher l’épanouissement dans l’orgasme.

La pornographie adulte, pourtant pire que la prostitution, parce qu’elle est sans aucune intimité, sans secret possible et que les actrices ne peuvent pas mettre les limites qu’elles choisissent en refusant certaines pratiques particulièrement humiliantes, douloureuses et dangereuses pour leur santé, est totalement légale et très peu encadrée. Sur Internet, il suffit de cocher une case « J’ai plus de 18 ans » pour avoir accès à toutes sortes de textes et de vidéos, quand ces vidéos ne surgissent pas sur notre écran sans qu’on n’ait rien demandé. Aucun règlement n’exige que les publicités pour les magazines pornos soient disposées hors de la vue des enfants et des adultes qui souhaiteraient qu’on leur épargne ces images. Et des fonds publics subventionnent toutes sortes de « Salons du X ».

Plutôt que d’éduquer à l’amour vrai, à la maîtrise de soi, au dépassement de la frustration qui n’est pas quelque chose de négatif en soi, les dirigeants de nos sociétés cherchent de plus en plus à organiser la satisfaction de frustrations et de besoins qu’ils ont eux-mêmes contribué à susciter.

Je n’oublierai jamais le témoignage d’une personne légèrement handicapée mentalement et physiquement, membre de la communauté de l’Arche de Jean Vanier, qui avait prononcé une prière de consécration lors d’une messe : « Seigneur, je t’offre mon célibat que je n’ai pas choisi ». Je connaissais bien cette personne handicapée, qui vivait une spiritualité profonde, et acceptait sa situation sans amertume. Il existe aussi de nombreux témoignage de personne lourdement handicapées ayant pu fonder une famille et vivre une sexualité issue de l’amour. « Aimer comme tout le monde » tel que le propose le film The Sessions, est-ce aimer et vivre une sexualité épanouie ? La souffrance des personnes handicapées célibataires n’est-elle pas plus le manque d’amour vrai que le manque de stimulations sexuelles ?

Retour au blog Saint Jean-Paul II

Précédent

Qui donc est l’Épouse de Jésus ? 3/3

Suivant

L’homme et la femme dans l’Église catholique : rivaux, dominants-dominés ou témoins de l’unité ?

  1. Evangéline

    Mais qu’est ce que c’est

    Mais qu’est ce que c’est encore que cette invention ????

    Je ne suis pas d’accord avec ça. Je ne pense pas que les personnes lourdement handicapés puissent avoir le besoin de relation sexuelle.

    De plus, pour moi, c’est une prostitution, d’envoyer quelqu’un, pour simplement donner du plaisir, “si plaisir est” ! Comment peut on avoir du plaisir, avec une personne qu’on n’aime pas par amour !

    Je comprends pas !

    • Cat-modératrice

      Je pense que les personnes

      Je pense que les personnes lourdement handicapées doivent éprouver des frustrations sexuelles et surtout affectives, mais l'”assistance sexuelle” ne peut, à mes yeux, que conduire à une souffrance et une frustration plus profondes encore !

      Et effectivement, c’est jouer avec les mots que de ne pas appeler ça de la prostitution. L’Essone veut donc faire le “test” de rendre les services sociaux proxénètes…

  2. Evangéline

    Bein voyons, de mieux en

    Bein voyons, de mieux en mieux…mais où l’on va !

     

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Site sous WordPress & Thème par Anders Norén