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Jésus peint par Rembrandt

Jésus nous dit en Luc 12, 35 : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins et vos lampes allumées. »

L’amoureux de Jésus, celui qui cherche à vivre une vie pleine de lui, qui cherche sans relâche la vraie vie, la sainteté, cherche toujours à être proche de Jésus et à accomplir sa volonté.

 
Jésus nous donne le chemin : une disponibilité permanente aux inspirations divines.
 

La tenue de service

 
Le service est l’état normal du disciple. Frère et ami de Jésus, il est toujours prêt comme lui à se mettre au service de tout homme en souffrance. 
 
Dans son devoir d’état tout comme dans les autres moments de sa vie, il « voyage léger » dans son esprit et dans son style de vie, dans le sens où il est toujours prêt à être dérangé pour servir.
 
Comme le bon Samaritain, il tâche de rester ouvert aux détresses que Dieu lui montre, petites ou grandes. 
 
Un collègue en souffrance, une demande d’aide impromptue, un appel à volontaire pour quelque chose de délicat, le disciple de Jésus n’est jamais « installé » en ce monde.
 
C’est cela la tenue de service.
 

La ceinture autour des reins

 
 
Saint Benoît demande à ses moines dans sa règle de dormir non seulement dans leur tenue de journée, mais aussi avec la ceinture autour des reins. 
 
Pourquoi ? Parce que, quand la cloche sonne pour l’office, si la ceinture manque, on perd du temps à la mettre. Pour nous, ça ne veut pas dire être matériellement habillés tout le temps, ça veut dire que notre cœur est en « mode éveil » et en « mode écoute » pour réagir rapidement aux appels de Dieu et de nos frères.
 
Donc l’amoureux de Jésus est invité à vivre en sa présence de manière aussi intense que possible, pour être prêt à répondre à la moindre « sonnerie de cloche », à la moindre inspiration divine, visible ou invisible, au moindre événement. Même de nuit, nous voyons que Dieu invite le jeune Samuel.
 
Sainte Faustine Kowalska, polonaise du XXe siècle, raconte qu’une fois elle allait rejoindre sa cellule pour dormir. 
 
Elle passe devant celle d’une autre sœur et sent qu’elle doit voir si cette sœur a besoin de quelque chose. Elle frappe, la sœur l’invite à entrer et lui dit que c’est le Ciel qui l’envoie. Cette sœur ne pouvait pas bouger du fait de sa maladie et avait une soif dévorante. Sœur Faustine  lui a bien sûr apporté la boisson qu’elle souhaitait. 
 
Sœur Faustine avait la ceinture autour des reins et la lampe allumée, elle a pu rendre le service que Dieu attendait d’elle, un tout petit service pour elle, mais un vrai soulagement pour la sœur qui a été servie.
 

La lampe allumée

 
Pour le chrétien, le service ne peut se comprendre que comme accomplissement de la volonté de Dieu. 
 
Tout le monde peut être serviable, tout le monde peut, en laissant parler son bon cœur, monter des œuvres de service merveilleuses en étant complètement athée ou d’une autre religion.
L’amoureux de Jésus conçoit le service comme le fait de laisser Dieu agir à travers lui. 
 
Le service est ainsi vu de manière surnaturelle, comme une manière de laisser la bonté de Dieu se manifester sur la terre une fois de plus.
 
La lampe allumée, c’est la lumière de Dieu qui s’exprime par tout ce que Dieu nous enseigne (Bible, enseignement de l’Église) ainsi que par la prière.
 
En Luc 12, 36, Jésus dit : « Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. »
 
Sans lampe, les serviteurs seraient bien en peine d’aller à la porte sans se cogner contre les murs !!! C’est pareil pour l’amoureux de Jésus.
 
Sans la lumière de Dieu, sans la vie en sa présence, sans baigner dans sa parole et sans rechercher un recueillement aussi constant que possible, selon nos faibles forces, nous sommes des aveugles. Si notre service est purement humain, il ne rend pas gloire à Dieu, il peut même lui faire écran.
 
Un athée disait du curé d’Ars : « J’ai vu Dieu dans un homme ». Bienheureux les chrétiens dont on peut dire ça ! Cet athée n’a pas vu un homme extrêmement bon, il a vu Dieu, et ça change tout.
 
Vivre en présence de Dieu, c’est garder une vive conscience de sa présence, du fait qu’il m’écoute comme un père écoute attentivement les besoins de son enfant, même si on ne sent rien.
 
Alors l’ardeur de l’amour est constante, et c’est l’amour même de Dieu qui vient en nous.
 
Un mourant demandait à Mère Térésa de Calcutta pourquoi elle prenait soin de lui. En effet, dans cette culture, prendre soin d’un mourant c’est prendre le risque de prendre sur soi son mauvais destin, son mauvais karma. Mère Térésa lui a répondu : « Parce que je vous aime. »
 
L’altruisme est une très belle chose. L’amour de Jésus qui pardonne à ses ennemis et meurt pour qu’ils soient sauvés de la mort éternelle est d’une autre nature, non seulement un degré supplémentaire dans l’amour.
 
Tenir sa lampe allumée, c’est être disposé, comme le dit Jésus, aux visites divines, parfois à des manifestations sensibles. Tenir sa lampe allumée, c’est donc avant tout développer un esprit de prière et d’écoute de tout ce que Dieu veut me dire par les personnes et événements.
 
Objection classique : je ne peux pas prier quand je veux et aussi longtemps que je veux. Si j’ai décidé de faire oraison à une heure déterminée, mais que je suis fatigué, ensommeillé, malade ou distrait, ou que finalement je n’ai que 30 secondes au lieu de 30 minutes, est-ce que ça empêchera Dieu de me donner tout ce dont j’ai besoin ? 
 
Est-ce qu’il s’interdira de me parler à un autre moment, par d’autres moyens ?
Dieu m’en voudra-t-il d’avoir fait mes efforts pour le prier dans ces « mauvaises dispositions » ?
Bien sûr que non !!! Dieu fait avec nous infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même imaginer si nous appelons son action dans nos vies !
Mais comment garder ma lampe allumée en permanence me direz-vous ?
 

Quand est-ce que je j’allume ma lampe pour commencer ?

La lampe est invitée à s’allumer dès le matin. L’amoureux de Jésus démarre bien sa journée en se mettant en présence de Dieu, justement. Même engourdi, carrément malade ou épuisé, ce n’est pas un signe de croix bien exécuté qui va l’achever. Ce n’est pas non plus une phrase de remise de soi à Dieu pour la journée qui va le tuer.
 
« Seigneur, rends mon cœur attentif à chacune de tes inspirations aujourd’hui, pour que toute ma vie te rende gloire. Amen »
 
Si on veut changer un peu, c’est facile ! :
« Seigneur, aujourd’hui, fais-moi vivre continuellement en ta présence, dans la louange et le service, pour que tous voient que c’est toi qui me fais vivre. Amen »
 

Et dans la journée ?

Dans la journée, un ou plusieurs temps spécialement dédiés à la prière sont évidemment bons à prendre, mais parfois on ne peut vraiment pas, même avec toute notre bonne volonté. Et bien ça sera le lendemain ! Dieu voit notre bonne volonté, notre soif, et il travaille avec ça.
 

Et avant de dormir ?

Remettre sa journée à Dieu avant d’aller dormir est le moyen de « garder sa lampe allumée » même quand on dort. Cela veut dire que l’on invite Dieu à travailler les profondeurs de notre âme et de notre cerveau au cours de la nuit comme le suggère le Cantique des Cantiques 5, 2 : « Je dors mais mon cœur veille ».
C’est une veille amoureuse, qui attend l’éveil par le bien-aimé le jour suivant.
 
La prière du soir traditionnelle dans l’Église, celle qui est dite par les moines, est courte et belle, c’est la parole de Siméon le vieillard après avoir pris Jésus bébé dans ses bras.
« Maintenant, Seigneur, Tu peux me laisser m’en aller dans la paix. Maintenant, Seigneur, Tu peux me laisser reposer. 
Tu peux laisser s’en aller ton serviteur en paix selon ta parole, Car mes yeux ont vu le salut que tu prépares à la face des peuples.
Lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple. Gloire au père, et au Fils, et au Saint Esprit Pour les siècles des siècles. »
Cette belle prière nous élève le cœur et nous rappelle que la lampe allumée dans chacun de nos cœurs, la lumière pour éclairer les nations, c’est Jésus lui-même.
 
Laissons Jésus être la lampe constamment allumée dans notre cœur, et alors nous serons ce qu’il veut que nous soyons : « Vous êtes la lumière du monde. » (Matthieu 5,14)
 
« Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas !
Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas !
Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ, de notre permanence dans le Christ, de notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. »
Saint Jean-Paul II, homélie au Bourget, visite en France, juin 1980
 

Voir aussi :
Retraite en Chartreuse
La Parole de Dieu : se former pour la goûter pleinement
Jésus donne-t-il un sens à la vie ?
Vie monastique, une inspiration pour nous laïcs ?
Ma solitude intérieure : cadeau empoisonné ou don de Dieu ?
Noël : serons-nous présents à celui qui est Présence?
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