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Beaucoup de Français ressentent de la révolte face au phénomène actuel d’immigration massive : révolte que tant de morts soient causées par des terroristes d’origine étrangère déjà connus de la police, révolte de certaines personnes s’occupant de sans-abri français et qui voient les besoins de ceux-ci délaissés au profit de migrants, révolte de voir des femmes de plus en plus nombreuses objet de mépris voire de violence, sur notre territoire, révolte de s’entendre accuser de racisme et d’égoïsme parce qu’ils disent « stop » à l’immigration.

D’autre Français sont révoltés par les souffrances de toutes ces personnes qui fuient la guerre ou la misère, qui en France sont mal accueillies par certains, victimes de racisme, que beaucoup veulent refouler, que l’on accuse de tous les maux de la France.

Réfugiés irakiens à Damas

Pour ma part, je ne prétends pas être mieux informée que d’autres sur les causes des migrations, les intentions des migrants, la façon dont ils sont traités en Europe et leurs propres actions. Je souhaite juste faire quelques remarques.

1. Qui accueillir ?

Il semble que dans le grand nombre de migrants qui arrivent en Europe actuellement, certains soient de réels réfugiés et d’autres non.
Des migrants sont réellement partis pour fuir la guerre, la torture.
Certains fuient des conditions de vie matériellement insupportables.
D’autres n’ont pas été acculés à la migration par ce qu’ils vivaient chez eux, mais espèrent trouver ici une vie plus facile.
Certains, peut-être, viennent avec dès le départ des intentions belliqueuses contre l’Occident.

Nous disons et lisons sans cesse : « les migrants », « les réfugiés », mais certains peuvent à bon droit réclamer le statut de réfugiés et d’autres non.

Les capacités d’accueil de la France ne sont pas illimitées, et visiblement, un accueil de masse n’est pas source de paix. Si, déjà, on commençait par faire une différence entre les réfugiés et les migrants qui n’ont pas un besoin vital d’être accueillis, ceux que nous accueillerions vraiment le seraient dans de bien meilleures conditions.

2. Qui sont nos ennemis ?

Jésus nous invite à aimer nos ennemis et à prier pour eux. Il ne dit pas qu’il faut les laisser nous détruire. Aimer son ennemi n’est pas un commandement auquel on peut obéir en un instant, Jésus sait que nous avons besoin de temps, non seulement pour aimer ceux qui nous font du mal, mais aussi pour nous décider à vouloir les aimer. Il est humain d’être révolté face à l’injustice.

Mais pour commencer, il est important de discerner qui est notre ennemi.

Il y a quelques jours, sur Facebook, j’ai appelé à prier pour des migrants morts dans le désert au Niger, dont plusieurs bébés. Ces migrants voulaient peut-être se rendre en Europe, mais ils sont morts de soif dans le désert. Deux de mes contacts catholiques ont mal réagi à cette publication et à cet appel à prier. L’une a expliqué qu’il s’agissait de saturation, d’un ras-le-bol de voir tous les problèmes liés en France à l’immigration, et les nombreuses publications cherchant à culpabiliser les Français ne souhaitant pas accueillir chez eux toute la misère du monde. Un autre était beaucoup plus virulent, et m’a reproché jusqu’au bout de prier pour des étrangers « alors que la maison brûle ».

En tous cas, je suis sûre que des bébés morts dans le désert ne sont pas nos ennemis.

Et les bébés migrant sur le sol français sont-ils nos ennemis ?

Je pense que nos ennemis ce sont les terroristes, les migrants qui refusent de respecter la culture française et en particulier ceux qui refusent de respecter la dignité et la liberté des femmes.

Nos ennemis sont aussi les hommes et femmes politiques français qui sont la cause de la situation dans laquelle nous sommes, par leur gestion des migrations qui aboutit à la situation de haine actuelle.

J’essaie de prier pour ces personnes, comme Jésus nous y invite.

Par contre, les migrants qui se retrouvent en France et qui ne nous agressent pas autrement que par leur simple présence, ne sont pas nos ennemis.

Il n’est pas interdit d’être en colère contre ceux qui les ont incités à venir et qui les ont laissés entrés. Mais eux, ceux des migrants qui n’agressent personne, même s’ils sont venus sans y être acculés par la guerre mais dans l’espoir d’une vie meilleure, n’ont fait que ce qui est naturel à l’homme. Ils ne viennent pas pour nous agresser, et s’ils acceptent nos aides sociales, ce n’est pas dans le but de nous faire du mal. Ils seraient fous de refuser les aides sociales, de refuser les logements qui leur sont proposés, etc.

On peut militer pour que certains migrants quittent la France, sans pour autant considérer ceux-ci comme nos ennemis. Ceux qui ont entendu dire que la vie serait beaucoup plus facile en France, pourquoi ne seraient-ils pas venus ? S’il y a une faute dans leur présence, c’est la faute de ceux qui ont mal géré l’immigration sur le sol français.

Et les vrais réfugiés, ceux qui doivent choisir entre venir et mourir, ceux qui ont un droit à être accueillis en raison de leur dignité humaine, ne sont pas non plus nos ennemis.

3. Pour qui prier ?

Il est difficile de vouloir suivre le commandement de Jésus de prier pour ceux qui nous persécutent, qui nous tuent.

Pouvons-nous prier pour les autres ? Pouvons-nous prier pour les personnes d’origine étrangère qui sont venues sans haine sur le sol français ? Pouvons-nous au moins prier pour les bébés qui meurent dans le désert ?

Certains expriment une saturation face aux appels à la compassion vis-à-vis des migrants. Mais justement, si nous voyons nos cœurs se fermer à cause de la colère, de certaines injustices, peut-être est-il d’autant plus urgent de décider de prier pour des situations par lesquelles nous nous sentons moins agressés : si nous ne pouvons pas prier pour les Africains et les Proche-Orientaux qui se trouvent sur le sol français, commençons par prier par ceux qui sont encore en Afrique ou au Proche-Orient.

La fermeture de notre cœur, due à la souffrance ou à la colère, est un danger spirituel très grand.

Jésus nous dit d’aimer nos ennemis, et aussi d’aimer notre prochain. Que nous le voulions ou non, de nombreuses personnes d’origine étrangère sont aujourd’hui nos prochains. Certains d’entre eux n’ont aucune responsabilité dans les catastrophes qui ont eu lieu en France.
Nous ne pouvons pas être chrétiens en les haïssant, ni même en les ignorant.

Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.  
(Matthieu 5, 43-48)

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