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Pierre sortit donc, ainsi que l’autre disciple, et ils se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble. L’autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau. Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre ; pourtant il n’entra pas. Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait ; il entra dans le tombeau ; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. (Jean 20, 3-8)

Le tombeau de Jésus vide au matin de Pâques

Qu’a vu Jean (« l’autre disciple ») pour croire ? Qu’a-t-il vu que Pierre n’avait pas vu ? Il voit le tombeau vide. Il ne voit pas le corps de Jésus, le signe de mort qu’il pensait trouver malgré la promesse de Jésus.

« Il vit et il crut ». Que crut-il ? Crut-il en la fin des épreuves ? En ce cas, il aurait cru en vain, jusqu’au moment de sa propre mort.

Il crut en la Résurrection de Jésus. Jésus avait plusieurs fois annoncé sa Résurrection, mais ses disciples n’avaient même pas compris ce qu’il voulait dire, tellement c’était incroyable pour eux. Ils ne croyaient pas en ce que Jésus avait promis, et ils croyaient en ce que Jésus n’avait pas promis : une victoire visible par tous.

Crut-il juste en la Résurrection ? Le fait qu’un ami qui était mort soit ressuscité, c’est formidable, mais en soi, cela ne change pas tellement notre vie. 
La foi nouvelle de Jean était beaucoup plus profonde, la prise de conscience de la Résurrection, pour lui, avait des conséquences dont il pressentait la portée infinie.
En voyant le tombeau vide, il parvenait enfin à croire que Jésus était ressuscité comme il l’avait promis, en croyant que Jésus était ressuscité, il pouvait enfin croire en ce qu’il avait perçu dans cet Ami mystérieux, croire que Jésus allait pouvoir changer sa vie de manière radicale.

Mais quel est ce changement de vie que nous apporte Jésus ?

Jésus est ressuscité mais je souffre, mais mon entourage se moque de moi, mais des enfants sont martyrisés, mais je me sens frustré(e) chaque jour de ma vie, mais je suis malade et diminué(e) d’une manière insupportable, mais j’ai été trahi(e) par ceux qui me sont le plus chers, mais les êtres humains s’entretuent, mais je vois l’injustice chaque jour ! Je n’en peux plus !

Pourtant Jésus apporte un sens à votre vie. Nous n’en aurons pleinement conscience que le jour où nous le verrons face à Face, mais dès cette vie nous pouvons en avoir les prémisses et les signes.

Les prémisses, ce sont les moments de paix, de joie, de vraie amitié, les actes d’amour authentique, le fait de prendre conscience que nous avons réussi à pardonner à celui qui maintenait notre cœur dans l’amertume, une belle musique qui nous donne l’impression de toucher le Ciel, un travail qui nous permet de donner le meilleur de nous-même, de créer…

Ces prémisses sont souvent absentes, ou bien nous sommes tellement bouleversés par d’autres événements que nous oublions de les regarder. Mais parfois, elles sont vraiment, totalement absentes de notre vie. Comme pour Pierre et Jean, le troisième jour après la mort de Jésus.

Alors il y a les signes, le tombeau vide. Les signes, ce n’est pas de voir Jésus vivant face à Face, c’est de ne pas le voir mort. Le tombeau vide ne peut nous donner la force de croire que parce qu’il correspond à une promesse de Dieu pour nous, comme le tombeau vide correspondait à l’incroyable promesse de la Résurrection.

Que peut être le tombeau vide pour moi ?

Je suis écrasé(e) par tant de souffrances, et je ne comprends pas comment je peux croire encore en Dieu, et pourtant j’ai la certitude que Jésus est vivant et qu’Il est avec moi : cette foi, c’est le tombeau vide, Jésus qui devrait être mort mais qui ne l’est pas.

Rien ne va plus dans ma vie, mais mon/mes enfant(s) grandissent, avancent, et me disent des choses qui sont source d’espérance pour moi. Mon mal-être, mon désespoir, devraient pourtant les atteindre eux aussi. La vie que je vois jaillir dans le cœur de mes enfants, c’est comme le tombeau vide.

J’ai tout perdu, ma vie n’a pas de sens, mais une personne pose son regard sur moi et me donne un sourire d’amitié, quand je n’ai l’habitude que de voir de l’indifférence ou de l’hostilité. Ce sourire est comme le signe du tombeau vide.

Il y a les périodes aussi où je n’ai même pas ces signes. Le jour du Samedi saint, le tombeau était plein. Jésus était mort, son cadavre était là. Et pourtant, il était sur le point de ressusciter et de nous donner la vie. Le Salut était déjà accordé. Quand nous vivons nos Samedi saint, parfois nous pouvons faire de graves erreurs par désespoir. Parfois aussi nous tenons le coup, sans comprendre pourquoi. Si nous tenons le coup, c’est que Dieu nous porte. Si nous tombons, il nous pardonne et nous relève, comme il a pardonné à Pierre qui l’avait renié.

Voir aussi : Le monde a besoin de témoins qui voient le bien

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