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François et Benoît : la foi chrétienne est-elle un self-service ?

Temps de lecture estimé : 3 min

Aujourd’hui se termine l’Année de la foi voulue par le pape Benoît XVI, pour relancer notre élan vers Dieu et notre amour pour ce qu’il nous révèle, ce qu’il nous donne à croire, « redécouvrir les contenus de la foi, professée, célébrée, vécue et priée ». À cette occasion, le pape François a terminé l’encyclique Lumen Fidei commencée par le pape Benoît XVI. Voici le passage qui nous intéresse plus spéciquement, dans le paragraphe 48 :

« C’est bien parce que tous les articles de foi sont reliés entre eux et ne font qu’un, qu’en nier un seul, même celui qui semblerait de moindre importance, revient à porter atteinte à tout l’ensemble. […] Les Pères (ndlr : les grands théologiens des premiers temps de l’Église) ont décrit la foi comme un corps, le corps de la vérité, avec plusieurs membres, par analogie avec le Corps du Christ et son prolongement dans l’Église. […] L’unité de la foi est donc celle d’un organisme vivant. »

La foi chrétienne est le don de la sagesse de Dieu, pour que l’homme vive de sa vie, en plénitude. C’est un ensemble qui possède une cohésion interne totale. Il est bon de réfléchir sur les conséquences pour nous de cette donnée fondamentale de notre foi.

Le pape François et le pape Benoît XVI sont les deux auteurs de l'encyclique Lumen Fidei

Dans l’ambiance actuelle, les croyances apparaissent souvent comme les produits d’un supermarché qu’on peut choisir à l’unité selon sa fantaisie. Un peu d’amour du prochain, un soupçon de réincarnation, un brin de prière communautaire et quelques rituels de mariage et de funérailles, mais surtout pas trop d’intransigeance sur les questions morales… Tout cela n’est finalement pas bien grave et permet de se donner une image de personne tolérante.

Cette manière de faire est impossible pour un chrétien, car la foi chrétienne constitue un tout qui ne peut être divisé. Ou bien on décide d’y adhérer en totalité, ou bien on ne peut pas se dire chrétien. C’est exigeant, mais il est impossible de faire autrement.

La meilleure analogie est celle du corps humain, c’est celle qu’utilise saint Paul. Pour que l’être humain puisse vivre, il lui faut toutes sortes d’éléments et d’organes, agencés d’une manière très précise. Des milliers et des milliers de maladies mortelles existent, chacune attaquant un organe, un système, un type de cellule différent. Parfois, la mort est causée par la dégradation d’un élément infime de notre corps, un anévrisme par exemple.

Pour la foi chrétienne, c’est la même chose. Enlevez un élément, vous la tuez. Retirez un article de foi, et la vie de Dieu en vous ne peut plus se déployer pleinement.

Le contenu de la foi chrétienne est donc organique. Même l’article de foi le plus petit et le plus caché ne saurait être négligé, ou pire, rejeté. Si je fais cela, je ne peux plus me dire un authentique disciple du Christ. Il est vraiment crucial, dans l’ambiance relativiste1 dans laquelle nous vivons, de bien comprendre qu’il est impossible de professer certains articles de foi et d’en rejeter d’autres. Je ne peux pas écouter Jésus, parlant par son Église, sur certains points qui me plaisent, et rejeter ceux qui me semblent les plus ardus, les plus choquants, les plus scandaleux. Jésus lui-même nous a dit : « Je suis la Vérité. »

Depuis 2000 ans, les points de contestation ou d’incompréhension concernant la foi chrétienne ont beaucoup changé, chez les chrétiens comme chez les non-chrétiens. Il demeure que c’est à nous de nous convertir pour tâcher de comprendre ce qui nous heurte, plutôt que de rejeter tel ou tel article de foi parce qu’il ne nous convient pas. Cette attitude d’humilité est souvent difficile. De plus, elle demande un effort de formation qui est exigeant : lire la Bible, participer à des sessions sur l’enseignement de l’Église sur tel ou tel point… Mais le but est merveilleux : vivre pleinement de la vie de Dieu qui est notre Maître, qui nous enseigne par son Église non pour nous imposer un fardeau de commandements impossibles à accomplir, mais pour que nous soyons libre de tous les faux dieux et puissions vivre de lui.

Pour nous aider à nous convertir sur ce point, on peut, avec de l’humour, transformer une citation du président américain J. F. Kennedy2 en disant : « Ne vous demandez ce que l’Église pourrait faire pour que vous croyiez plus facilement. Demandez-vous plutôt ce que vous pourriez faire pour mieux comprendre ce que vous enseigne le Seigneur par son Église. »

1. Relativisme : croyance selon laquelle l’être humain ne peut atteindre aucune vérité absolue et valable pour tous les temps et en tous les lieux, spécialement au sujet des questions philosophiques et religieuses.

2. John F. Kennedy, discours inaugural, 1961 : “Ne demandez pas à votre pays ce qu’il peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays.”

Voir aussi : La Parole de Dieu : se former pour la goûter pleinement

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  1. BERNATCHEZ

    François et Benoît : la foi chrétienne est-elle un self-service
    Filippo-modérateur a écrit : Pour nous aider à nous convertir sur ce point, on peut, avec de l’humour, transformer une citation du président américain J. F. Kennedy2 en disant : « Ne vous demandez ce que l’Église pourrait faire pour que vous croyiez plus facilement. Demandez-vous plutôt ce que vous pourriez faire pour mieux comprendre ce que vous enseigne le Seigneur par son Église. »

    1. Relativisme : croyance selon laquelle l’être humain ne peut atteindre aucune vérité absolue et valable pour tous les temps et en tous les lieux, spécialement au sujet des questions philosophiques et religieuses.

    2. John F. Kennedy, discours inaugural, 1961 : “Ne demandez pas à votre pays ce qu’il peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays.”

    Écoute ton coeur partage : Une citation très riche, qui pourrait devenir plus riche si elle devenait une de nos réalisations quotidiennes dans notre vie de croyant(e), si nous laissions la Parole de Dieu passer par le chemin de notre coeur ; surtout pour ceux qui ont le coeur sensible au monde de la Nouvelle Évangélisation, en déposant avec joie leur coeur dans le Coeur de l’Évangile.

    Je crois que la grâce la plus enrichissante que peut recevoir un croyant dès le début de son cheminement spirituel c’est bien de grandir entre l’Évangile et l’Église, entre l’Église et l’Évangile. Pour qu’un croyant devienne un vrai disciple de Jésus-Christ il doit grandir en suivant Jésus Enfant,>> de la crèche à la croix pour plonger son coeur au Coeur de La Résurrection du Christ Sauveur et Rédempteur du Monde.

    Le Temps de l’Avent est un temps privilégié, pour ne pas écrire que l’Avent est un temps précieux pour réapprendre à marcher derrière l’Enfant Dieu qui nous fera comprendre que l’Église a pris naissance dans le Coeur du Fils de Dieu.

    Pour moi comme pour plusieurs autres personnes, l’Église est notre point de repère, Elle ressemble à un Gps qui nous guide sur les routes du monde terrestre avec comme mission de nous rassembler au grand Banquet de l’Amour Céleste. L’Église est un Gps spirituel qui guide chaque croyant(e), car nous le savons tous(tes), l’Église a reçu pour mission de nous transmettre la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans toute sa fraîcheur, selon le désir et la volonté de Son Fondateur Jésus-Christ.

    L’Évangile dit : Pour que cet appel retentisse par toute la terre, le Christ a envoyé les apôtres qu’Il avait choisis en leur donnant mandat d’annoncer l’Évangile : ” Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde ” (Mt 28, 19-20). Forts de cette mission, les apôtres ” s’en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient ” (Mc 16, 20).

    Le plus grande erreur que nous puissions faire comme croyant(e) c’est de croire qu’il nous est possible d’Annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile sans l’Église, par nos propres moyens modernes. Pour ma part je crois le contraire, je crois que sans l’Église il y a danger d’annoncer un message dilué de l’Évangile, en voulant adapter le message selon le mode de vie moderne de chaque personne qui cherche un chemin d’accès trop facile à l’Évangile.

    Tout pour vous écrire que votre citation est excellente pour ceux et celles qui connaissent en profondeur l’Église Source qui a pris naissance dans le Coeur du Christ. Sans être extrémiste dans mon approche je crois que nous avons perdu le vrai sens profond de suivre le Christ et Son Église, nous avons perdu le vrai sens profond des valeurs que nous propose l’Église de Jésus-Christ Aujourd’hui, qui pourtant sont les mêmes valeurs qu’au temps de l’Église naissante.

    Je crois qu’il nous faut être réalistes, avec une forme de vigilance, car nous vivons dans un monde moderne où il faudrait être aveugle pour ne pas voir que plusieurs croyants(es) cherchent un Évangile avec un menu ”super marché”, afin de choisir les options qui correspondent à leur modèle en conformité avec leurs choix de vie personnels, mais malheureusement non conformes aux exigences de l’Évangile. Quand nous exigeons de l’Église qu’elle adapte le message de l’Évangile à la vie de chaque pécheur, il est fort possible que votre belle citation soit moins intéressante pour cette catégorie de personnes.

    Ma réflexion à la lecture de votre citation est simple, je veux juste dire qu’avant de se demander ce que l’Église pourrait faire pour que nous croyions plus facilement, nous devrions peut-être nous demander s’il est si facile de croire quand nous savons que Jésus nous dit dans l’Évangile de Saint-Matthieu :

    L’Évangile dit : Large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent ” (Mt 7, 13-14).

    Je suis triplement heureux d’avoir partagé par une simple réflexion sur cette citation qui selon moi en vaut la peine.

  2. JosianeJ

    bonjour,
    bonjour,
    je voulais juste dire que c’est article est passionnant, qu’il m’ouvre a de multiples réflexions.
    mon chemin de conversion a réellement commencé il y aura bientôt 8 ans (j’ai 39 ans) et petit a petit, j apprends a connaitre l’Eglise.
    c’est effectivement un chemin exigeant, certains canons sont difficiles a digérer (!) mais notre Seigneur est là, bien présent et m’accompagne chaque jour.
    je n’aurais peut être qu’un seul regret, celui, d’avoir bien du mal de trouver les bonnes personnes pour me guider, et de n’être, moi même, pas assez disponible pour pouvoir me former plus rapidement
    heureusement qu’il y a internet et, avec, un bon discernement nous pouvons trouver de quoi instruire un minimum. merci pour votre site, qui est excellent en ce sens d’ailleurs !
    que Dieu vous guide et vous bénisse.
    en union de prières !

    • Filippo-modérateur

      Juste : pas facile de se former

      Je partage complètement votre point de vue : il est vraiment difficile aujourd’hui de se former. Peu de paroisse proposent de vrais parcours, les prêtres sont surdébordés, les laïcs formés n’ont pas le temps de transmettre ce qu’ils connaissent, et ceux qui voudraient se former n’ont souvent pas le temps non plus…

      Personnellement, je souffre de ce manque de possibilités. J’aimerais suivre des cours à l’Institut Catholique qui n’est pas loin de là où j’habite, j’aimerais vraiment reprendre les cours bibliques, où l’on étudie à fond tel ou tel livre, c’est si merveilleux d’avoir quelqu’un qui vous ouvre à l’intelligence des Écritures. Ça me manque vraiment, je m’accroche au fait que le Seigneur sait pourquoi je n’ai pas cette possibilité. Comme vous dites, heureusement qu’il y a Internet ! Même si c’est plus dur de se former seul, de ne pas pouvoir profiter de la dynamique d’un groupe.

      Prions le Seigneur pour qu’il suscite des prêtres et des laïcs bien formés et disponibles, prêts à former les chrétiens qui dont soif de le connaître par sa Parole : les Écritures ainsi que le Magistère de l’Église. Nous en avons tant besoin !

  3. JosianeJ

    même prière !
    oui, le Seigneur sait pourquoi nous passons par ce chemin, faisons lui confiance, et surtout accrochons.
    encore merci pour votre site, que je découvre petit a petit.
    bonne continuation et que Dieu vous bénisse.

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