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En cette année anniversaire des 50 ans du début du Concile Vatican II, j’ai pris, cet été, le temps de relire tous les textes des Actes du Concile dans ma vieille édition du Cerf de 1966 où je les avait lus une première fois pour les vivre.
J’ai donc mis la barre assez haut puisque je me suis obligé à chercher dans ma Bible toutes les références pour leur contexte, ainsi que leurs notes, et je fus émerveillé de ce grand panorama de l’amour de Dieu en Jésus que nous décrit l’ Église par l’Esprit saint dans ces textes que je vais vous présenter afin de vous donner envie de les lire, les apprécier, et mieux les vivre. L’ensemble des textes se compose de 4 constitutions, 9 décrets et 3 déclarations, sur trois années d’assemblée entre 1962 et 1964 dans l’édition du Cerf de janvier 1965. Ils sont en trois tomes que je vais analyser et commenter.
I. Tome un
A. Texte 1 : La constitution dogmatique sur l’Église
Voilà un écrit dense de 69 pages qui, promulgué en novembre 1984, a été au centre des débats des Pères du Concile et fut voté avec seulement 5 voix contre 2151 pour. Au départ, les préparateurs du texte ont subi une très forte opposition et ce texte, en voulant revenir aux sources et bases de l’Église, la décrit véritablement comme le grand projet du Dieu Père à rassembler les hommes par son fils Jésus et le concours du Saint Esprit afin qu’elle soit le corps du Christ.
Venant en opposition pour compléter Vatican I, cette constitution présente l’Église comme le peuple de Dieu appelé à collaborer au sacerdoce du Christ, prêtre, prophète et roi, servi par les évêques dont on redécouvre les responsabilités dans leurs diocèses, mais aussi par la collégialité entre eux et le Pape pour l’évangélisation du monde entier. Comme dit saint Augustin : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ». Tout ce peuple, dont le Concile décrit qu’il dépasse les limites visibles par la foi et la charité, est appelé à vivre la vocation à la sainteté laïque et religieuse avec des moyens de vie différents. L’Église qui est de la terre et du ciel, en lien les uns avec les autres et dont Marie la Vierge Mère de Dieu est à la fois la réalisation parfaite, la Mère de l’Église, et un modèle pour nous. Nous avons de belles pages de Marie dans l’Évangile pour décrire son rôle dans l’Église envers nous. Voilà donc une belle description comme exemple à vivre.
B. Texte 2 : La constitution sur la liturgie
Les Pères du Concile ont tout de suite compris que pour vivre cette relation intime avec Dieu, la liturgie de la Messe est le moyen idéal et efficace, avec tous les sacrements et l’office divin. La grande innovation du Concile fut d’appeler à vivre cette liturgie en pleine conscience pour tout le peuple de Dieu afin qu’il soit nourri de sa Parole et de sa Vie. Pour cela, les Pères ont donné la permission de passer du latin vers chaque langue nationale, et ont rénové la liturgie en donnant trois ans pour traduire presque tous les textes de la Bible et des Évangiles, ce qui n’était pas le cas avant (à peine 30% des Évangiles dans les messes). Ils ont permis ainsi des nouvelles messes plus proche des sources des Pères de l’Église adaptées aux événements, ils ont mis en place des formations pour le clergé et autorisé les artistes à améliorer les liturgies par leurs arts. Cette révolution permit à tout le peuple de Dieu, avec les religieux, de mieux louer Dieu en communion.
C. Texte 3 : Le décret sur l’ œcuménisme
Il est un tournant décisif pour l’annonce de la Bonne Nouvelle : l’ouverture avec tous les croyants en Jésus à un dialogue pour aller vers l’unité dans la charité, compréhension et foi partagées pour que le monde croit et construise l’Église selon la volonté du Christ en l’Évangile de jean 17, 21 : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi ». C’était déjà en marche avec la semaine de prière pour l’unité, du Père Couturier et d’autres comme le dominicain Congar et le Pape Jean XXIII qui avaient fait l’axe de ce Concile en invitant en son sein des représentants de toutes les églises, puis en faisant des voyages de réconciliation.
D. Texte 4 : Le décret sur les églises orientales catholiques
Il décrit de nouvelles bases de respect et de coordination de ces églises anciennes avec Rome.
E. Texte 5 : Le décret sur les moyens de communication sociale
Dans ce décret, l’Église a compris que l’évangélisation ne sera plus seulement verbale par les missionnaires ou le clergé, mais diffusée partout dans un monde nouveau aux multiples médias, radios, télévisions, Internet. Elle devait s’adapter et s’intégrer à ces médias pour en faire de nouveau canaux de transmission de la Bonne Nouvelle en étant elle-même plus transparente et présente aux hommes.
Voilà pour le premier tome.
II. Tome deux
Plus de concrétisation dans le détail :
A. Texte 6 : La constitution dogmatique sur la révélation divine
Cette constitution recentre la vérité apportée par Jésus sur Dieu, répandue par les apôtres et leurs successeurs et dite par la Bible et les Évangiles. C’est une intégration des Écritures demandée par les protestants, un rééquilibrage nécessaire.
B. Texte 7 : Le décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Église
Pour mettre en pratique la collégialité, ce décret détermine les responsabilités des évêques dans leurs diocèses au milieu de toutes les églises en collégialités. De là naîtront les synodes que nous avons vus ces jours-ci en lien avec le Pape.
C. Texte 8 : Le décret sur la formation des prêtres
Avec l’approfondissement évangélique de la liturgie, la nouveauté des concélébrations par la participation des laïcs et la venue nouvelle des diacres, le Concile renforce la formation des prêtres, tant aux niveaux théologique que pastoral, vu l’évolution du monde et la baisse des vocations.
D. Texte 9 : Le décret sur le ministère et la vie des prêtres
Pour compléter le précédent décret, celui-ci appelle à une plus grande vie spirituelle, à la sainteté profane, la perfection de la vie en commun ainsi que la possibilité au prêtre d’être envoyé hors de son diocèse en mission.
E. Texte 10 : Le décret sur l’adaptation et le renouveau de la vie religieuse
Le Concile a souhaité que chaque congrégation se recentre sur la vocation de leur fondateur, en renouveau de leur vie spirituelle et action caritative propre et que les ordres proches se réunissent, vue la baisse ou le vieillissement de certaines congrégations.
F. Texte 11 : Le décret sur l’apostolat des laïcs
Voilà du nouveau : comme l’Église n’est pas seulement le corps ecclésiastique mais tout le peuple de Dieu, le Concile a voulu faire le tour de toutes les tâches des laïcs dans leur famille, au travail, et dans les mondes associatifs et politiques nationaux et internationaux, ainsi qu’au sein de l’Église en lien avec la hiérarchie et en se formant.
Voilà pour le tome deux qui va dans le concret de l’application des nouveaux principes des constitutions.
III. Tome trois
L’Église repense le monde et ses relations avec lui.
A. Texte 12 : La constitution pastorale l’Église dans le monde de ce temps (texte de 93 pages)
Avec cette constitution, les Pères du Concile ont voulu répondre au Pape Jean XXIII qui disait : « Église, fait ce que te demande Jésus, soit attentive aux signes des temps pour les interpréter et dire aux monde ce qui peut l’aider afin d’ y faire face. » Ainsi, dans cette constitution sont analysés les problèmes de notre période dans tout les domaines ; elle donne ainsi sa vision sur l’homme et sa dignité et ce qu’elle peut apporter à la communauté humaine dans les enjeux actuels. Elle continue de développer par rapport à la famille et au mariage, sur la culture et la vie économique et sociale, sur la vie de la communauté politique pour la paix et la construction d’une communauté des nations. Durant le Concile le pape Paul VI s’est rendu a l’ONU pour lui donner son soutien car l’Église, par ses fidèles, veut un monde meilleur en accueillant Dieu et son royaume d’amour.
B. Texte 13 : La déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes
Ce fut un grand tournant dans l’Église par la volonté de Jean XXIII. Le Concile a voulu, non analyser pour condamner les erreurs des autres religions, mais les regarder par le positif mis en elles par l’Esprit saint afin de rentrer en dialogue avec les religions non chrétiennes comme le bouddhisme, l’islam ou le judaïsme, le tout dans une charité pratique commune vers la Paix. Jean-Paul II le concrétisera avec la rencontre d’Assise.
C. Texte 14 : La déclaration sur la liberté religieuse
Voilà là aussi un grand progrès fait par les Pères du Concile sur le respect des consciences de chaque homme dans la recherche du sens de sa vie et sa quête religieuse sans recourir à la violence intellectuelle et l’enrôlement de force ou le chantage.
D. Texte 15 : La déclaration sur l’éducation chrétienne
Bien sur l’Église a toujours soutenu l’école pour tous, bien des Congrégations s’y sont spécialisé. Les Pères du Concile ont mis au point un nouvel enseignement du CP jusqu’à l’université avec une vue chrétienne du monde et des sciences.
E. Texte 16 : Le décret sur l’activité missionnaire de l’Église
Les Pères du Concile sont convaincus que Dieu le Père par son fils et l’Esprit saint via l’Église appelle tous les hommes en sa gloire d’amour éternel. Dans ce texte, ils demandent que nous soyons témoins de cet amour, et l’Église organise dans toute ses hiérarchies et institutions les éléments pour faciliter et organiser cette mission. C’est le dernier texte bien symbolique de l’élan de ce Concile qui a voulu reprendre conscience de ce que l’Église reçoit pour être en adéquation avec la volonté de Dieu pour tous les hommes.
Je vous conseille de vous y plonger, de vous en nourrir, car ce sont des textes dont la source est dans la Bible par ses références multiples, et dont l’élan est dans l’amour du cœur de Jésus venu nous révéler l’amour du Père pour chacun. Bonne lecture ! vous pouvez trouver ce document à la librairie catholique pour 30 euros aux éditions Bayard : Textes et commentaires du Concile Vatican II.
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