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Qu’est-ce que l’amour ?

Ce mot est devenu aujourd’hui vidé de son sens et n’évoque plus que la sphère de l’affectivité et de la sexualité. Hors, si nous lisons la définition de Christiane Singer (et qui reprend aussi une affirmation d’un grand théologien du temps passé mais dont je ne me souviens plus du nom) : “l’amour n’est pas un sentiment mais la substance même de l’univers”. On va donc déjà bien plus loin que cette notion de “sympathie”. On peut aussi se référer au dernier vers de la Divine Comédie :” l’Amour qui fait se mouvoir les soleils et les étoiles” et qui implique ici une notion de dynamique, de force créatrice. Une substance et un mouvement pour résumer. Le véritable amour est ce qui donne la vie et n’a dès lors qu’un rapport lointain avec la sympathie. Celui qui donne est dans l’amour, celui qui prend non.

Bien sûr, ce serait préférable d’avoir des rapports sympathiques et chaleureux mais il est vrai qu’ils sont devenus très rares tellement nous sommes habituées à la haine immédiate et le rejet. On pourrait dire que naturellement les hommes se haïssent et c’est une expérience qu’on peut faire partout, au point ou, comme le disait Jean-Jacques Rousseau, “la haine est le véritable ciment de la société”. N’oublions pas que l’enfer c’est ici, “sous nos pieds” et quand on entre dans une dynamique de don, qui est une dynamique vital, nous sommes très souvent rabroué et rejeté. L’homme rejette l’amour véritable et incline donc facilement dans la haine. Dans l’Eglise c’est la même chose puisque nous avons à faire à des hommes. On pourrait dire oui, mais justement, “pas là” vu que cela entre en contradiction avec les “commandements”. Mais si, là aussi, et même souvent beaucoup plus. Je pourrais écrire longuement sur cette question mais ce qu’il faut voir c’est qu’il faut se méfier de ne pas réduire l’amour à sa sphère sentimentale et sympa. Il y a plein de gens très sympas et très égoïstes qui ne donnent rien et d’autres, plus rares, d’allure sévère, qui donnent beaucoup. Sur le plan du catholicisme, la question est de savoir ce que veut dire “aimer Dieu”, condition pour pouvoir aimer son prochain, puisque celui cela ne peut émaner qu’a partir d’une expérience de l’amour de Dieu. Aimer Dieu veut dire “faire sa volonté” et qui est celle d’exercer sa charité (répandre l’amour d’une manière totalement gratuite). Cela ne veut pas dire être d’accord sur tout et aller dans le sens de l’autre pour lui faire plaisir. La relation humaine franche peut être par moments dures mais elle doit être authentique et honnête. Bref ne pas sombrer dans un monde bisounours qui cache toutes les réalités et à laquelle notre monde, qui fonctionne en permanence sur l’émotionnel, nous a habitué. Il y a l’amitié et la vérité et les deux marchent ensemble. L’amour véritable divise (et c’est en ce sens que l’on peut comprendre les parole de Jésus “je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive de la division”. Ici, l’amour est clairement lié à la vérité.

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  1. Cat-modératrice

    Ces confusions sont dues à l

    Ces confusions sont dues à l’imprécision de la langue française concernant la notion d’amour.

    En grec il y a 6 ou 7 mots différents, dont :

    Agapè : l’amour désintéressé, ou on recherche exclusivement le bien de l’autre, sans se préoccuper de ce qu’il peut éprouver pour nous ou non rendre.

    Philia : l’amitié, l’amour bienveillant, l’affection pour quelqu’un, où nous lui voulons du bien mais nous aspirons aussi à une réciprocité.

    Eros : rien à voir avec l’érotisme. C’est une forme d’amour où on désir être uni à l’autre, que ce soit physiquement ou spirituellement. C’est l’amour de la passion amoureuse, mais pas seulement. Nous le voyons dans le Cantique des Cantiques.

    Dans son encyclique Deus caritas est, sur l’amour chrétien, Benoît XVI explique que Dieu nous aime de l’amour Agape, celui qui se donne à nous sans attendre de retour, en cherchant seulement notre bien. Mais il affirme aussi, d’une manière assez révolutionnaire, que Dieu nous aime d’un amour Eros, qu’il désire profondément être uni à nous. Voici des extraits :

    Dans le débat philosophique et théologique, ces distinctions ont souvent été radicalisées jusqu’à les mettre en opposition entre elles : l’amour descendant, oblatif, précisément l’agapè, serait typiquement chrétien; à l’inverse, la culture non chrétienne, surtout la culture grecque, serait caractérisée par l’amour ascendant, possessif et sensuel, c’est-à-dire par l’eros. Si on voulait pousser à l’extrême cette antithèse, l’essence du christianisme serait alors coupée des relations vitales et fondamentales de l’existence humaine et constituerait un monde en soi, à considérer peut-être comme admirable mais fortement détaché de la complexité de l’existence humaine. En réalité, eros et agapè – amour ascendant et amour descendant – ne se laissent jamais séparer complètement l’un de l’autre. Plus ces deux formes d’amour, même dans des dimensions différentes, trouvent leur juste unité dans l’unique réalité de l’amour, plus se réalise la véritable nature de l’amour en général. Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant – fascination pour la grande promesse de bonheur –, lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera « être pour » l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui ; sinon l’eros déchoit et perd aussi sa nature même. D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un don. L’homme peut assurément, comme nous le dit le Seigneur, devenir source d’où sortent des fleuves d’eau vive (cf. Jn 7, 37-38). Mais pour devenir une telle source, il doit lui-même boire toujours à nouveau à la source première et originaire qui est Jésus Christ, du cœur transpercé duquel jaillit l’amour de Dieu (cf. Jn 19, 34).

    […]

    ce n’est pas un dieu quelconque, mais l’unique vrai Dieu, lui-même, qui est l’auteur de la réalité tout entière; cette dernière provient de la puissance de sa Parole créatrice. Cela signifie que sa créature lui est chère, puisqu’elle a été voulue précisément par Lui-même, qu’elle a été «faite» par Lui. Ainsi apparaît alors le deuxième élément important: ce Dieu aime l’homme. La puissance divine qu’Aristote, au sommet de la philosophie grecque, chercha à atteindre par la réflexion, est vraiment, pour tout être, objet du désir et de l’amour – en tant que réalité aimée cette divinité met le monde en mouvement –, mais elle-même n’a besoin de rien et n’aime pas; elle est seulement aimée. Au contraire, le Dieu unique auquel Israël croit aime personnellement. De plus, son amour est un amour d’élection : parmi tous les peuples, il choisit Israël et il l’aime, avec cependant le dessein de guérir par là toute l’humanité. Il aime, et son amour peut être qualifié sans aucun doute comme eros, qui toutefois est en même temps et totalement agapè.

    Les prophètes Osée et Ézéchiel surtout ont décrit cette passion de Dieu pour son peuple avec des images érotiques audacieuses. La relation de Dieu avec Israël est illustrée par les métaphores des fiançailles et du mariage; et par conséquent, l’idolâtrie est adultère et prostitution. On vise concrètement par là, comme nous l’avons vu, les cultes de la fertilité, avec leur abus de l’eros, mais, en même temps, on décrit aussi la relation de fidélité entre Israël et son Dieu. L’histoire d’amour de Dieu avec Israël consiste plus profondément dans le fait qu’il lui donne la Torah, qu’il ouvre en réalité les yeux à Israël sur la vraie nature de l’homme et qu’il lui indique la route du véritable humanisme. Cette histoire consiste dans le fait que l’homme, en vivant dans la fidélité au Dieu unique, fait lui-même l’expérience d’être celui qui est aimé de Dieu et qu’il découvre la joie dans la vérité, dans la justice, la joie en Dieu qui devient son bonheur essentiel : « Qui donc est pour moi dans le ciel si je n’ai, même avec toi, aucune joie sur la terre ? … Pour moi, il est bon d’être proche de Dieu » (Ps72 [73] , 25.28).

    L’eros de Dieu pour l’homme, comme nous l’avons dit, est, en même temps, totalement agapè. Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un amour qui pardonne. 

  2. Cat-modératrice

    Amour : donner ou prendre ?

    Vous dites : « Celui qui donne est dans l’amour, celui qui prend non ».

    Je dirais oui et non. Attention, parfois en voulant seulement donner et jamais recevoir, on peut empêcher l’autre de se donner et de se réaliser.

    Parfois aussi, selon la façon dont on donne, on peut aussi étouffer l’autre.

    Les personnes les plus exclues ont parfois plus besoin que l’on accepte ce qu’elles nous donnent, pour leur montrer qu’elles comptent pour nous. Parfois, accepter un repas offert par quelqu’un peut être la façon de se donner à cette personne qui lui fera le plus de bien.

    En Inde, si l’on refuse de la nourriture qu’une personne nous offre, cela signifie que nous considérons cette personne comme trop impure pour nous. Il m’est arrivée d’être obligée de manger de la viande avariée, à en être malade, pour éviter d’offenser une personne très pauvre. Mon refus l’aurait insultée.

    Il existe des couples qui entrent en crise parce que l’un des deux ne veut que donner, et ne veut jamais recevoir de l’autre. C’est valable aussi en amitié.

    Il faut donc un équilibre des deux. Bien sûr, celui qui prend, qui profite de l’autre et qui ne donne rien, n’est pas dans l’amour.

  3. Claude (homme)

    Salut Michaël,
    Salut Michaël,

    Tu écris bien. Tu développes, tu expliques.
    Merci.
    Je te l’ai dit … ailleurs, je n’ai pas de culture. Je ne suis pas cultivé. Parmi les douze Apôtres, je pense que je ressemblerais un peu à Pierre. En espérant que Pierre ne soit pas offusqué puisque je me dis inculte et que je me reconnais un peu en lui.
    L’Amour. A-t-on seulement le droit de prononcer Son Nom?
    Sommes-nous dans la vérité lorsque nous disons : “je t’aime”?
    Peut-on aimer sans l’Amour?
    Cela me rappelle la parabole des talents : “Même le peu qu’il a lui sera enlevé”.
    L’enfer, c’est l’absence de l’Amour.
    “Père, pourquoi m’as-tu abandonné?”
    Toi, tu as des projets. “Construire un monde meilleurs”.
    Moi, ce serait plutôt un rêve, un souhait, une prière: “Qu’Il daigne toujours m’utiliser, puisqu’Il est Amour.”
    Redevenir un enfant.
    Être absolument rempli de confiance, et donc, de paix.

  4. Michaël 2

    amour suite
    Merci pour vos textes que je découvre, je vais les amener en “devoir de vacances”. Vous avez bien fait d’ouvrir sur la conception de l’amour chez les grecs qui est sans doute la plus développée que nous connaissons en philosophie. Par contre pour Agape, c’est une “invention chrétienne” (et ca explique d’ailleurs le passage radical entre la philosophie grecque et le christianisme, parce que les Grecs, aussi brillants soit-ils, n’ont pas accédé à ce “pur amour désintéressé”. Pour l’autre texte, oui d’accord sauf que “prendre” et “recevoir” sont deux choses fort différentes. Et j’ai bien utilisé le mot “prendre” qui est même le contraire de “recevoir”. Bien, parler intelligement d’amour est une très bonne chose parce que c’est une question capitale, et surtout de nos jours ou ce mot si essentiel est totalement galvaudé. “Si nous n’avons pas l’amour (l’agape, la charité) nous n’avons rien nous dit st Paul…

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